Rencontre avec Julien Laoche, auteur

Bonjour à toutes et à tous,

Novembre et le NaNoWriMo sont déjà terminés (snif) et l’année civile approche elle aussi de son terme – dire que ce blog soufflera déjà sa première bougie en janvier ! Mais n’enterrons pas 2018 trop vite, car il  me reste un dernier auteur à vous présenter avant de clôturer cette année.

Julien Laoche, que j’ai eu la chance de rencontrer lors d’une réunion des élèves des Masterclass de Bernard Werber, vient de publier son premier roman, AMA, une histoire de science fiction fortement marquée par les thèmes de l’écologie et de l’altérité (quels liens tissons nous avec l’autre et comment surmonter nos difficultés à communiquer ?).

Entre réflexions sur l’état du monde et sur l’apport de la Science-Fiction à l’existence humaine, Julien nous parle de ce premier roman et de la façon dont il est venu à franchir le pas de l’écriture.

Bonne lecture !

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Julien Laoche en dédicace au marché de Noël de Plomeur. Crédit : Julien Laoche

Chris Bellabas : Bonjour Julien, et merci d’avoir accepté de me consacrer un peu de ton temps. Peux-tu te présenter aux lecteurs•trices de ce blog ?

Julien Laoche : Bonjour, je m’appelle Julien Laoche. Je travaille en tant qu’agent d’accueil et webmaster dans un centre de formation maritime depuis une dizaine d’années, et j’ai eu un coup de foudre il y a 15 ans pour la lecture et l’écriture (presque en même temps) après avoir lu les livres de Bernard Werber – je peux dire que c’est mon maître d’écriture. J’ai écrit pendant des années des scénarii sur le site Internet www.arbredespossibles.com dans lesquels je me suis amusé à imaginer des futurs plus ou moins probables. C’est là que j’ai fait mes premières armes dans l’écriture.

Ama Julien Laoche
AMA, premier roman de Julien Laoche.

Tu viens de sortir ton premier roman : AMA, une histoire de Science-Fiction dans laquelle des scientifiques et un professeur de langues anciennes vont tout faire pour sauver une voyageuse venue du ciel. Comment t’es venu l’idée de l’histoire que tu racontes dans Ama ?

Au départ, ça ne devait être qu’une nouvelle que je voulais publier dans la section privé du site de Bernard Werber dédié aux participants de ses masterclass (ateliers d’écriture très intéressants au demeurant). Et puis, la nouvelle a grossi et s’est transformée en roman. J’avais la fin comme idée de départ, mais pour éviter de raconter une énième histoire d’extraterrestre, j’ai voulu créer une surprise dans la dernière scène. Ensuite, je me suis demandé comment j’allais tourner ça et j’ai voulu partir directement dans une « action » qui se déroule proche de la fin de l’histoire, puis expliquer comment le personnage en est arrivé là avant de revenir au présent et poursuivre l’histoire jusqu’au final.

Pour la base militaire, je me suis inspiré de celle de la série Stargate dont j’ai retrouvé les plans sur un site de fans avec ses différents étages, etc. Et au fur et à mesure que je développais mon histoire, j’ai commencé à imaginer comment et pourquoi le peuple d’Ama l’a envoyée sur la planète ainsi que leur histoire avec des dates clés (les 2-300 années que j’ai imaginées, je les ai résumées en une ou deux pages dans le roman). J’y ai vu une occasion de parler d’écologie et des terribles épreuves qui nous attendent si nous laissons les choses évoluer sans rien faire. Et le reste est venu au fur et à mesure de l’écriture et au fil des différentes versions.

Sinon, pour la situation très difficile d’Ama et sa relation d’amitié avec Lujien, je me suis inspiré de La nuit des temps de René Barjavel.

Le narrateur de ton roman est un professeur de langues anciennes. As-tu su dès le début que ce serait lui le narrateur, où as-tu hésité sur l’identité du personnage à qui tu donnerais ce statut ?

Depuis le départ, je savais que le linguiste serait le personnage principal. Au tout début, je n’étais pas sûr de son métier, mais il m’a semblé que ce serait quelqu’un qui serait proche de mon héroïne et qui la « comprendrait ». Ensuite, comme je voulais écrire une histoire racontée à la première personne, j’ai tout de suite pensé à lui. Ainsi, le personnage central, Ama, serait vu à travers ses yeux.

J’ai choisi « langues anciennes » car j’ai imaginé que la langue d’Ama ressemble à des vieux dialectes.

Quel est le personnage de ton roman que tu préfères ?

C’est difficile de choisir. J’ai tendance à dire que je les aime tous (c’est l’un de mes défauts : j’aime tout le monde, ce qui corrèle bien avec le fait que j’ai du mal à choisir). Je dirais Lujien (le linguiste, j’y ai mis beaucoup de moi). En deuxième Ama, et en troisième le Docteur Glim (c’est le personnage marrant, l’ami du narrateur [d’ailleurs je regrette de ne pas avoir eu le temps de le peaufiner, il aurait pu être plus drôle]).

Qu’est-ce qui t’as semblé le plus difficile dans la conception de ce premier roman ?

La concordance des temps. Autant la création de l’histoire, les recherches documentaires, les corrections ne me posent pas trop de problèmes, mais les règles grammaticales, plus strictes et donnant moins de liberté, ont été plus difficiles à gérer pour moi et m’ont procuré beaucoup de stress. C’est pour ça que j’ai commencé par écrire l’histoire et ce n’est qu’à la fin que je me suis occupé de la grammaire et de l’orthographe (moins problématique pour moi cependant que la grammaire). Heureusement que j’avais une relectrice ancienne prof des écoles pour repérer tout ça.

Qu’est-ce qui t’as au contraire été le plus plaisant ?

La création de mon univers et mes recherches documentaires (99 % sur Internet). J’adore aussi trouver des solutions à mes problèmes de cohérences de l’histoire, il y a une zone dans mon cerveau qui s’active. C’est un mélange de plaisir et d’excitation lorsque ça m’arrive. Et j’aime aussi au début, lorsque je laisse dérouler le film de l’histoire dans mon esprit. Je ressens une grande liberté dans ces moments-là.

Les thèmes de l’écologie et de l’altérité dominent largement ce premier roman. Est-ce des sujets pour lesquels tu nourris des inquiétudes ou des espoirs pour l’avenir ?

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Crédit : Louis Maniquet

Julien Laoche : Dans le court terme, ça va empirer. Les gouvernements internationaux mettent beaucoup trop de temps à réagir. Le fait que les États-Unis soient sortis des accords de Paris sur le climat n’arrangera pas les choses selon moi. Selon certains scientifiques le « point de non-retour » au-delà duquel les humains peuvent espérer ralentir ce changement climatique, voire le stopper, est déjà dépassé. Le réchauffement climatique va s’emballer (dans moins de 50 ans, les fortes chaleurs caniculaires que l’on a connues cet été vont devenir la moyenne des températures de saison), les zones arides vont s’élargir et certaines îles vont disparaître sous les eaux, ce qui va accentuer les déplacements de population, donc l’arrivée massive de migrants vers des contrées moins atteintes et économiquement plus développées comme l’Europe, les autres pays occidentaux, voire certains pays d’Asie comme la Chine. Évidemment, cela va accentuer les tensions aux seins des pays « riches ». Ajoute à cela le fanatisme religieux – qui profite de l’appauvrissement de certains pays pour recruter -, et tu as un cocktail socio-économique qui fait monter l’extrême droite aux États-Unis ou en Europe (qui aurait pensé qu’un parti d’extrême droite devienne la deuxième force politique d’un pays comme la Suède ?).

Ce qui m’inquiète un peu, c’est que j’ai l’impression que les conditions de l’entre-deux-guerres (entre 1918 et 1939) sont en train de se reformer. On verrait petit à petit, selon ce que l’on peut voir à l’heure actuelle, l’arrivée au pouvoir des partis d’extrême droite dans chaque pays européen. Qui dit extrême droite dit nationalisme, ce qui signifie la fin de l’Union Européenne, le retour des États-nations et, pourquoi pas, le retour des rivalités séculaires entre les nations européennes qui amènerait, au final, à la Troisième Guerre Mondiale… J’espère sincèrement me planter sur cette vison du futur. :-p

Parallèlement, il y a des signes positifs. On commence à comprendre les interactions entre la biodiversité et l’équilibre écologique de la planète, les modes de consommation changent pour aller vers les économies d’énergie, la diminution de la consommation de viande, le développement du recyclage, des circuits courts (du producteur au consommateur), le trou de la couche d’ozone s’est partiellement réduit suite à l’interdiction du chlorofluorocarbure (CFC) que l’on trouvait, notamment, dans les frigos, il y a quelques espèces menacées qui ont été sauvées et retirées de la liste par les ONG, etc.

Je reste persuadé qu’après la pluie viendra le beau temps, car l’univers – et l’Histoire humaine et terrienne – est fait de cycles. C’est le fameux « trois pas en avant, deux pas en arrière ».

Penses-tu que l’écrivain•e a un devoir d’alerte ? Qu’iel serait une sorte de conscience / mémoire citoyenne vivante ?

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Source : Saketh Garuda

J’ai tendance à pensé qu’il y a plusieurs sortes d’écrivain•e•s, aussi bien pour le divertissement que pour la réflexion. Les deux ne sont pas antinomiques. Mais, en effet, j’aime bien l’idée qu’un•e écrivain•e soit quelqu’un qui a un regard différent sur le monde et qu’iel perçoit des choses que les autres n’ont pas forcément encore perçues. Je me souviens d’un dessin qui montrait une file de gens qui partait dans un sens et une seule personne – désignée comme « artiste » – qui partait dans un autre, là où les autres ne vont pas.

Pour autant, je ne crois pas qu’un•e écrivain•e ou un•e auteur•e de littérature générale a forcément un devoir d’alerte. En revanche, un•e auteur•e de Science-Fiction, oui. S’iel parle du futur, iel doit montrer ce que pourrait devenir la société si on allait au bout d’une idée qui serait désastreuse pour l’avenir ou si on utilisait à mauvais escient une technologie ou, au contraire, montrer une utopie où l’humain a tiré les leçons du passé.

Il y a deux solutions pour le cas du futur : montrer les ténèbres (une dystopie par exemple) ou la lumière (une utopie). On peut montrer ce qui pourrait arriver de pire pour faire réfléchir, ou montrer ce qui pourrait arriver de mieux pour avoir envie d’y parvenir. Dans les deux cas, l’espoir est de créer une réaction, une prise de conscience.

Après, pour l’auteur•e de SF qui explore d’autres concepts non vérifiés scientifiquement à ce jour (ou qui ne pourront jamais l’être) comme le voyage dans le temps, celui dans les mondes parallèles, etc., son travail peut amener à une réflexion sur une philosophie de vie. Par exemple a-t-on réellement intérêt à construire une machine à voyager dans le temps ? Est-ce qu’on ne risque pas de tout détraquer ?

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La Machine à explorer le temps, H.G. WELLS. Source.

On peut également avoir une approche psychanalytique. Je me rappelle d’un téléfilm qui était une adaptation du livre d’H.G.Wells La Machine à explorer le temps. Dans ce film, un jeune scientifique surdoué invente la machine à voyager dans le temps (nous sommes à la fin du 19ème siècle). Au début du film, il perd sa petite amie morte dans un vol de bijoux qui a mal tourné. Après ce drame, le jeune homme s’enferme dans son laboratoire et il parvient à inventer sa machine. La veille de partir, un de ses amis lui dit qu’il devrait sortir de son laboratoire et que ça ne sert à rien de rabâcher ce drame en essayant d’imaginer comment il aurait pu l’empêcher. Le jeune homme n’écoute pas et revient en arrière juste avant la mort de sa chérie (pour éviter les paradoxes temporels, les scénaristes ont décidé il n’y aurait qu’un seul jeune homme, il ne rencontre pas son double du passé).

Donc, il revient en arrière. Il prend avec elle le chemin du parc où l’agression aura lieu, le déroulement des événements est similaire sauf qu’au lieu d’essayer de désarmer le braqueur de son revolver – comme il a fait la première fois -, il lui donne les bijoux. Malheureusement, l’homme glisse et le coup part, tuant la jeune femme. Il retourne dans le passé, évite le parc pour aller dans une autre rue. Malheureusement, elle meurt tout de même dans un accident de voiture à cheval. Il revient dans le passé, évite le parc, évite la rue mais à chaque endroit ou à chaque changement qu’il fait, la fille meurt.

En visionnant ce film, j’y ai lu une parabole ou une analogie de la réalité. Lorsque l’on perd quelqu’un, on a beau réfléchir aux milles choses que l’on aurait pu faire pour éviter le drame ou profiter un peu plus de la personne disparue… la situation reste inchangée. Au final, il vaut mieux faire le deuil.

Ainsi, une œuvre de SF peut devenir philosophique.

Après, pour ta deuxième question, un•e écrivain•e peut jouer le rôle de mémoire citoyenne vivante en rappelant à ses contemporains les mauvais choix qui ont été faits par le passé et qui ont amené à des guerres atroces. L’auteur•e de SF peut aussi se servir de l’histoire pour imaginer un futur aux conséquences à peu près semblables.

Quand je décris un monde qui se passe dans le futur, j’utilise un peu le passé et beaucoup le présent de manière métaphorique. J’ai compris avec l’un des pères fondateur de la SF française, René Barjavel, que l’on peut décrire le futur en évoquant le présent.

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Ravage, René BARJAVEL. Source.

Par exemple, dans l’un de ses livres, Ravage, qui se passe au début du 21ème siècle et où il n’y a plus d’électricité (en vulgarisant à outrance car c’est un peu plus compliqué), il parle en réalité de la société française de son époque. Ce livre sort en 1942, où la France est envahie par l’Allemagne nazie. Les avions de son histoire qui s’écrasent sur la ville font référence en réalité aux bombardements allemands ; la régression des conditions de vie dans les villes au contraire du maintien de celles des campagnes et le patriarcat qu’il décrit reprennent exactement ce qu’il s’est passé durant la guerre et la philosophie du gouvernement de Vichy.

Pour un autre de ses romans, La Nuit des temps, il évoque mai 68 et la guerre froide. Il décrit un passé lointain – de type Atlantide – où deux forces s’affrontent dont l’une de deux nations a le Rouge comme référence – le Communisme. Et quand il parle d’une manifestation étudiante et de l’un d’entre eux qui est un jeune homme roux charismatique, il veut évoquer Daniel Cohn-Bendit.

Cette capacité à parler du réel sans avoir l’air d’y toucher contribue en effet pour beaucoup à l’intérêt du genre. Mais dis-nous… Comment t’es venue l’envie d’écrire ?

Ah, grande question. J’ai une version longue et une version courte.

La version courte : C’est grâce à Bernard Werber que j’ai eu envie d’écrire.

La version longue : En fait, lorsque j’ai commencé à écrire, je me suis moi-même posé cette question : d’où me vient cette capacité d’écrire et d’imaginer une histoire ? Et plus j’ai réfléchi à cette question, plus j’ai trouvé des réponses en remontant toujours plus loin dans le temps. À 11 ans, j’ai écrit hors du cadre scolaire une nouvelle de 15 pages racontant un préquel des aventures de Sonic le Hérisson (le célèbre personnage de la firme de jeux-vidéo SEGA). J’avais lu dans un magazine spécialisé que le méchant (Robotnic) et le héros étaient amis au début. Et comme il n’y avait aucune série ni histoire sortie sur ce personnage, je me suis amusé à imaginer cette histoire avant l’histoire et trouver la raison qui a fait que l’ancien ami était devenu le méchant du jeu vidéo (bon, la raison comme le style d’écriture était très naïf et très irréaliste car c’est en mangeant un œuf pas frais que Robotnic est devenu l’ennemi juré de Sonic). J’avais ensuite imaginé des titres pour écrire de futures histoires, puis j’ai abandonné au profit des jeux vidéos.

Ensuite, j’ai toujours adoré les intrigues dans les jeux vidéo auxquels je jouais (le premier livre de Science-Fiction que j’ai lu était dans le manuel d’un jeu vidéo qui racontait les événements d’avant ceux du jeu et qui décrivait l’évolution future de l’histoire de l’Humanité sur un millénaire).

Ensuite, arrivé à un certain âge, j’ai commencé à me raconter à moi-même des histoires pour m’endormir.

En Terminale, j’ai écrit des fiches personnages pour un projet de court-métrage d’un film de type « Y a-t-il un pilote dans l’avion ? » ou « Y a-t-il un flic pour sauver la reine ? », mais qui a avorté.

Et puis, LA révélation. C’était après mes études, nous étions en été. Je faisais des courses avec mes parents et, dans la maison de la presse, il y avait un présentoir qui montrait tous les romans en version poche d’un auteur de SF à l’occasion de la sortie d’un nouveau livre. En regardant nonchalamment les couvertures, j’ai reconnue l’une d’elles car je j’avais vue lorsque j’étais au collège. Deux de mes camarades de classe avaient fait un exposé sur le livre en question, dont le nom de l’auteur m’avait échappé à l’époque – sûrement un vieux scientifique américain de 60 ans. Le premier avait lu un extrait avec des descriptions assez précises dans lequel un voyageur de l’au-delà partait vers le paradis avant d’y revenir. Puis lorsque le deuxième camarade est monté sur l’estrade et a commencé à faire son résumé et son analyse de texte, j’ai repensé à l’extrait du livre et me suis un peu imaginé en train de faire ce voyage. Soudain – probablement à cause de la chaleur, de la fatigue liée à la fin de l’année scolaire et peut-être d’une petite fringale, j’ai commencé à voir des petits tourbillons rougeoyants et mon ouïe a baissé. J’ai compris que je ne me sentais pas bien. Au fil des secondes qui passaient, je n’entendais pratiquement plus mon camarade et plein de voiles rouges envahissaient ma vue avant de ne voir ni entendre plus rien. Je me disais en moi-même : « Je ne vais pas mourir devant tout le monde quand même ? Manquerait plus que je découvre par moi-même ce qu’il y a dans l’au-delà ». Je suis finalement tombé dans les pommes. Quand je me suis réveillé, on m’a emmené à l’infirmerie. J’avais fait une hypoglycémie (manque de sucre). Quelques jours plus tard, je repensais au bouquin et je trouvais dommage d’être tombé dans les vapes parce que le bouquin avait l’air intéressant. Et puis j’ai oublié et le livre et le nom de l’auteur.

Donc, en regardant les livres de poche, je reconnais la couverture du bouquin qui a provoqué mon hypoglycémie, ainsi que le titre barbare. Et en lisant la 4ᵉ de couverture, j’étais sûr que c’était ce livre. Il s’agissait des Thanatonautes de Bernard Werber.

BERNARD WERBER HARMONIE
Bernard Werber, auteur du Best-Seller La Trilogie des Fourmis et de la Pentalogie du ciel. Source.

Durant cet été 2003, j’ai lu tous ses livres (ou presque). Coup de foudre pour la littérature et coup de foudre littéraire pour l’auteur. Quelques semaines après avoir lu le premier livre, j’ai découvert un site issu d’une association qu’il a lui-même fondé : « l’arbre des possibles ». Le but de ce site est d’inviter les internautes à imaginer un scénario du futur qui viendrait alimenter la base de données du site pour créer la VMV (Voie de Moindre Violence) permettant d’atteindre un âge d’or, et repérer par la même occasion la et les voies à ne pas prendre (Voie de Pire Violence). Lorsque j’ai rédigé mon premier scénario « Et s’il n’y avait plus de pétrole ? », j’ai découvert que j’avais suffisamment d’imagination pour inventer des histoires. Je me suis donc amusé à écrire plus de 170 scénarii sur ce site, autant d’années d’entraînement autodidacte.

Ton affection pour Bernard Werber est palpable, et je la comprends d’autant mieux que tu sais que je la partage [ce n’est pas pour rien que nous nous sommes rencontrés lors d’un évènement dédié aux élèves des Masterclass d’écriture de l’auteur des Fourmis, NDLR]. Pour les lecteurs•trices qui ne le connaîtraient pas, peux-tu expliquer ce qui te plaît tellement chez lui ?

– On sent un réel travail de recherche documentaire sur les thèmes qu’il aborde dans les livres (les insectes, les interprétations de l’au-delà par toutes les croyances religieuses du monde, la génétique, le cerveau, le monde des humoristes, l’actualité, l’Histoire, l’astrophysique, la cosmologie, le sommeil, les chats, les études méconnues de certains scientifiques – comme Thomas Edison qui avait inventé une machine pour parler avec les morts – ou, récemment, l’hypnose). On apprend beaucoup de choses et on s’intéresse à la philosophie sans s’ennuyer – il arrive à tenir en haleine ses lecteurs. On pourrait renommer ses livres : « La philosophie pour les nuls ».

Ses histoires font réfléchir sur la mort, l’empathie que l’on pourrait avoir vis-à-vis des insectes, sur l’origine de l’être humain, sur le futur, l’écologie, l’Intelligence Artificielle, notre place dans l’univers, les imprécisions plus ou moins volontaires de l’Histoire, etc.

– Malgré les ennuis que ses personnages affrontent, il y a toujours une porte de sortie dans ses récits. J’aime bien sa vision optimiste des choses. Quand on a pas le moral, on remonte la pente grâce à ses livres.

– J’aime la personnalité de l’auteur. C’est un type gentil – je dirais que c’est une crème -, qui prend le temps d’écouter ses interlocuteurs, intéressant à écouter, qui ne s’énerve jamais, qui a beaucoup d’humour et qui encourage les autres à réaliser leur projet, quel qu’il soit, afin de se réaliser soi-même. C’est toujours un plaisir de le rencontrer en vrai.

Puisque nous parlons de tes goûts littéraires, as-tu des auteur•e•s à nous conseiller (connus ou non) ?

Oui, pêle-mêle : Bernard Werber (pas très connu avec ses 30 millions d’exemplaires vendu dans le monde ^^), Philip K.Dick, Aldous Huxley (Le Meilleur des mondes), Pierre Boule (La Planète des singes), Arthur C. Clarke (2001,LOdyssée de l’espace), Amélie Nothomb (surtout Stupeur et Tremblements), Joël Dicker (un génie selon moi), etc pour les connus.

Pour les moins connus (dont la majeure partie est en autoédition) : Carole Laborde-Sylvain, Amélie Baumann-Thiriez, Christelle Broeck, Mélanie Thimeux, Aurore Benito, Stéphan Le Doaré. Ça fait un peu copinage, mais ce sont des auteur•e•s qui vivent l’écriture comme je le ressens : une passion et un plaisir.

Et j’espère un jour pouvoir ajouter Chris Bellabas, le jour où tu sortiras ton premier roman. 😉

Ce sera un honneur de figurer dans ta bibliothèque ! Mais toi, que prévois-tu maintenant ? As-tu d’autres projets d’écriture en cours ou à venir ?

En fait, avant d’écrire AMA, j’étais sur un projet de recueil ET un roman de Politique-Fiction (une ancienne nouvelle qui a beaucoup trop grossi). En fait, tous les jours, j’écrivais une demi-heure une nouvelle et l’autre mon roman. Et puis, une autre nouvelle a pris beaucoup de place… c’était AMA. Vers la fin, lorsque je savais que je voulais participer avec cette histoire au concours Les Plumes Francophones, je ne me suis plus concentré que sur AMA pendant une heure par jour. J’ai passé de longues semaines à corriger, recorriger, transformer mon histoire durant des semaines jusqu’à ce que je décide qu’il était temps de le publier sur la plateforme avant la limite de dépôt de ma candidature au concours qui était le 31 août dernier. J’ai réussi à entrer dans les délais, sur le fil.

Maintenant que mon livre est publié en autoédition, je suis revenu à mes deux précédents projets et j’écris de nouveau une demi-heure une nouvelle pour alimenter mon recueil SF-anticipation et l’autre pour mon – peut-être – prochain roman.

Ce prochain roman s’inscrirait dans quel(s) genre(s) ? Peux-tu nous en donner le thème général ?

Politique-fiction. Il s’agit de trois campagnes électorales successives qui commencent par les primaires d’un grand parti jusqu’aux élections présidentielles. Cela se passe dans un futur proche. Dans la version actuelle, ces élections seraient montrés sous le prisme d’une chaîne d’information en continu. Mais peut-être que je changerais le style narratif. Pour l’instant, c’est encore en chantier.

Les lecteurs•trices pourront-iels te rencontrer à des évènements littéraires en 2019 ?

Rien de prévu pour l’instant, mais j’ai réalisé ma première séance de dédicaces les samedi et dimanche 24 et 25 novembre derniers au marché de Noël de Plomeur. J’étais un peu stressé mais moins que je l’aurais pensé. En fait, je partageais le stand avec mon père qui vendait des bijoux et sculptures en verre faits par lui-même. Donc je n’étais pas uniquement focalisé sur mon livre et j’étais accompagné, donc moins de risque de s’ennuyer.

D’ailleurs, même si je n’ai fait que deux dédicaces, j’ai trouvé l’expérience intéressante. J’ai discuté avec les autres exposants, notamment un sculpteur sur bois très ouvert d’esprit qui aime bien tout ce qui touche à la spiritualité. Il m’a montré, notamment, des cartes étranges qui améliorent la santé et une qui favorise le sommeil. C’est une amie qui le lui avait donnée. Trois mois après, lui qui avait du mal à trouver le sommeil a fini par passer de superbes nuits réparatrices. Et sa femme en a même ressenti les effets. Bref, de quoi imaginer de nouvelles histoires. ^^

J’en ai même profité pour écrire (j’ai lu quelque part que ça faisait bien vis-à-vis des potentiels lecteurs de voir un auteur faire son travail, on peut penser qu’il écrit la suite). D’habitude, j’écris seul chez moi ou chez mon père. Et là, j’ai découvert que je pouvais écrire dans un autre environnement avec des gens en train de parler autour de moi et même avec un peu de musique d’ambiance. Étonnamment, ça ne m’a pas perturbé. Depuis, j’ai envie d’expérimenter l’écriture dans un café ou un bar comme le font certains écrivains professionnels (comme Bernard Werber).

Ton propos au sujet de l’écriture dans des cafés me fait penser à un autre débat qui divise les écrivain•e•s… L’écriture en musique. Alors, es-tu de ces auteur•e•s à apprécier écrire en musique ? Si oui, qu’est-ce que tu écoutes en écrivant ?

J’écris en silence. La musique me déconcentre. Cela dit, j’ai déjà essayé sur un autre texte et ça a marché. Durant quelques secondes, j’étais comme transcendé par la musique qui correspondait bien au style que j’écrivais. J’ai essayé pour AMA, mais ça ne fonctionnait pas. Je crois ne pas avoir trouvé la bonne musique de film (j’ai pourtant essayé la BO de Rencontre du troisième type, mais ça ne correspondait pas avec ce que j’écrivais). J’ai donc laissé tomber. Je réessayerais peut-être un jour. Si j’écris une histoire avec de l’aventure, j’ai deux-trois idées de musiques de films à utiliser (comme Pirates des caraïbes ou Retour vers le futur).

Sinon, paradoxalement, j’avais la musique de Blade Runner (Vangelis) dans la tête certaines fois. C’était souvent entre mes séances d’écritures. La musique arrivait dans ma tête dès que je pensais à mon histoire. Alors, peut-être que je l’ai écrit inconsciemment dans cet univers musical. ^^

Maintenant, quelques questions plus personnelles si tu le permets.

Si tu étais un personnage de roman, lequel serais-tu ?

Mickaël Pinson dans Les Thanatonautes. C’est le personnage de fiction dans lequel je me suis le plus reconnu. Son caractère est extrêmement proche du mien. Timide, peu sûr de lui, a tendance à se laisser faire, têtu et obstiné, trop gentil, amoureux transi n’osant draguer la jeune femme qui l’intéresse, honnête avec lui-même, essaye à tout prix d’éviter d’être de mauvaise foi, a du recul sur lui-même, est un peu dur avec lui-même, ouvert d’esprit, pense que « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil », un peu naïf… J’ai l’impression que Bernard Werber s’est inspiré de moi pour créer son personnage. ^^

S’il te restait une journée à vivre, que ferais-tu ?

Très bonne question… comme ce serait trop tard pour mener à bien des projets non encore réalisés, je pense que je passerais du temps avec ma famille proche ou, peut-être, revoir aussi quelques amis que j’ai perdu de vue (encore faut-il que j’en ai le temps ^^).

Je ne peux pas résister à l’envie de poser la question suivante à un adepte de Werber… Crois-tu au karma ?

Alors, beaucoup après avoir lu les Thanatonautes, l’Empire des Anges et le cycle des Dieux [trois titres de B. Werber, NDLR), oui. Un peu moins au bout de quelques années (mon côté cartésien est revenu insidieusement à la charge). Mais à chaque fois que j’y pense, ça me fait rêver et ça me donne une autre vision du monde, plus optimiste. J’aime bien l’idée que nous sommes issu•e•s d’âmes qui évoluent au fil des réincarnations.

Merci, Julien, pour ce plaisant échange et le temps que tu as accepté de nous consacrer. Je souhaite à AMA tout le succès qu’elle mérite et te souhaite force et courage pour l’achèvement de tes futurs projets d’écriture !

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Source : express.co.uk

Merci pour votre lecture !

Pour suivre les actualités de Julien Laoche, rendez-vous sur ses pages Twitter et Facebook. Et pour vous procurer AMA, c’est sur Amazon que ça se passe.

Ah, et si vous voulez rebondir sur les propos de Julien, en nous disant si vous êtes team musique ou pas pendant l’écriture par exemple, l’espace commentaires vous attend !

@ bientôt pour de nouvelles rencontres passionnantes !

Chris

VOUS :

  • exercez une activité dans le monde de l’écrit et/ou du livre ;
  • avez écrit un / des livre(s), ou vous êtes en train d’en écrire un ;
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2 commentaires sur “Rencontre avec Julien Laoche, auteur

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  1. Merci pour cette super interview !! Et pour le clin d’œil 😉 ! Super intéressant d’en savoir plus sur toi Julien, 170 scenarii sur l’arbre des possibles, bravo ! C’est une belle famille que cette fourmilière, je partage tes points de vue… Puissions nous donner à réfléchir avec nos histoires. Quel beau challenge ! Merci en tout cas à tous les deux pour cet article. Mélanie

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