Le premier article de cette série vous introduisait le personnage de Leon Scott Kennedy, héros de Resident Evil et mon personnage principal dans le jeu Dead by Daylight. Il est temps à présent d’entrer dans le vif de cette fanfiction avec le premier chapitre de son histoire.
Vous le verrez, j’ai choisi de débuter cette biographie à partir des événements de Raccoon City, relatés dans Resident Evil 2.
Pourquoi avoir choisi de retracer des passages déjà connus et directement visionnables dans le jeu vidéo ? Parce que l’écriture permet de fouiller en profondeur la psychologie du personnage. Quand l’image ne vous donne à voir que l’expression de Leon, les mots vous font pénétrer dans sa tête. Ils vous donnent à ressentir les émotions qui le traversent. Une étape capitale à mon sens dans la construction d’un personnage destiné à être joué en roleplay oral et écrit. Surtout lorsque les événements dont il est question sont à la base même de son essence, la genèse de l’homme qu’il deviendra.
Il faut dire que son premier jour de travail fut loin d’être classique et paisible !
Je vous laisse en juger par vous-même et découvrir ou redécouvrir l’horreur qui a frappé cette petite ville américaine du Midwest des États-Unis.
Bonne lecture !
Leon Kennedy dans le remake de Resident Evil 2. Source.
– Chapitre 1 –
Les évènements de Raccoon City (2016)
«Puis vient le jour des révélations de l’Apocalypse,où l’on comprend qu’on est maudit, et misérable, et aveugle, et nu. Et alors, fantôme funeste et dolent, il ne reste qu’à traverser les cauchemar de cette vie en claquant des dents.»
Sur la route (Jack Jerouac)
Partie 1 : Un Air d’apocalypse ~
Issu d’une famille où l’on est policier de père en fils depuis pas moins de cinq générations, Leon se dirigea tout naturellement vers l’Académie de police au moment de choisir son orientation. Il s’y distingua comme un étudiant studieux, appliqué et volontaire.
À 21 ans (2016), fraîchement diplômé, il demanda à être affecté au Département de Police de Raccoon City en raison des meurtres largement médiatisés qui eurent lieu autour des montagnes Arklay.
Il ignorait que cette décision allait faire démarrer sa carrière sur les chapeaux de roue en le confrontant à une apocalypse zombie dès son premier jour de travail.
Rien ne l’avait préparé à l’épreuve qu’il allait vivre lorsqu’il émergea du brouillard de l’ivresse dans la chambre du motel dans lequel il s’était arrêté pour la nuit sur la route qui le conduisait de son Tennessee natal à Raccoon City.
Lui qui ne buvait jamais, ou alors juste un fond de verre pour accompagner le mouvement, venait de s’administrer seul la première cuite de sa vie pour distraire ses pensées de la petite amie laissée derrière lui. Leur rupture menaçait depuis des mois. Il savait qu’elle surviendrait tôt ou tard, mais il avait espéré longtemps pouvoir encore repousser l’échéance.
Il sortait avec Meg Thomas depuis leurs 15 ans. Ils avaient été camarades de classe quelque temps avant de se fréquenter sur un plan plus intime. Leur couple était rapidement devenu l’un des plus populaires de leur lycée. De ceux qui se font élire roi et reine du bal de promo sans effort à la fin de l’année scolaire.
Meg Thomas d’après le jeu Dead by Daylight. Source.
Même si la rupture relevait de sa propre initiative, Leon la digérait difficilement. Le premier amour laisse des marques indélébiles. Se séparer de cette fille, même si sa jalousie et ses caprices continuels lui étaient devenus de plus en plus odieux, lui faisait mal. Ce d’autant plus que Meg n’avait eu de cesse de le culpabiliser depuis qu’il lui avait annoncé son départ pour Raccoon City. Elle s’était persuadée qu’il allait y retrouver une autre fille, une flic, et que c’était pour ça qu’il la quittait. La remise en question n’avait jamais fait partie de ses points forts. Pourtant personne n’attendait Leon à Raccoon City.
Cette énième crise de jalousie qui avait éclaté sans raison deux jours avant son départ aurait dû le pousser à partir sans un regard en arrière. Il endurait depuis trop longtemps le caractère difficile de Meg, curieux mélange entre les toquades d’une enfant boudeuse et l’autoritarisme rigide d’un despote. Mais Leon ne pouvait occulter la profonde souffrance qui dévorait la jeune femme. Il gardait conscience que c’était cette souffrance qui dictait ses comportements exécrables.
Meg avait été abandonnée par son père alors qu’elle n’était encore qu’un bébé. Sa mère l’avait élevée seule et leur survie n’avait été qu’une lutte constante contre le manque de tout : d’argent, de confort, de sérénité et – pire que tout – d’amour.
Le traumatisme induit par cet abandon la plongeait dans des états d’angoisse vertigineux au moindre trouble. Sa crainte constante d’être délaissée par les personnes auxquelles elle s’attachait nourrissait chez elle une possessivité délétère. Savoir de quelle vieille blessure découlait ses déficiences relationnelles avait rendu Leon beaucoup plus indulgent envers elle qu’il ne l’aurait été avec quelqu’un d’autre. Quelqu’un qui n’était pas hanté par ce genre de démons. Mais toute la bonté, la patience et l’affection de Leon n’avaient rien pu faire contre ceux de la jeune femme. Il y avait mis du sien pourtant. Ses parents aussi.
Le quotidien de Meg avait connu une amélioration significative dès l’instant où elle s’était mise à sortir avec Leon, et pas seulement grâce à la prévenance amoureuse dont il faisait preuve.
Les Kennedy, plus aisés financièrement grâce à la stabilité de leurs emplois respectifs, avaient accueilli la petite amie de leur fils comme un membre à part entière du foyer. Meg et sa mère étaient conviées gracieusement à toutes les vacances de la famille. Il arrivait aussi que les trois adultes partent seuls avec Kate, la cadette, en laissant la maison au jeune couple. Kathleen et Mike Kennedy plaçaient toute confiance en leur fils pour se comporter de façon honorable et ne pas faire courir à sa petite amie le risque d’une grossesse prématurée. Une marque d’estime que Leon ne leur avait jamais fait regretter.
Pourtant, rien de tout cela n’avait suffi à panser la blessure émotionnelle de Meg. Le mal racinait trop profondément dans son cœur. Chaque année qui passait, chaque nouveau pas vers la vie d’adulte semblait élargir davantage sa plaie au lieu de la refermer. Sa possessivité maladive avait même fini par venir à bout de la compassion de Leon. S’en séparer lui était apparu comme la seule issue possible, un mal nécessaire pour son propre bien être. Il s’y était donc résolu, soulagé d’avoir enfin pris sa décision, mais aussi douloureusement conscient qu’en quittant Meg, il creusait sa blessure d’abandon.
Était-ce juste de faire volontairement du mal à quelqu’un uniquement pour se préserver soi-même ? Dans un souci égoïste en somme.
C’était son sentiment de culpabilité que Leon avait tenté de diluer dans l’alcool lorsqu’il avait commandé une bouteille de rhum au bar du motel la veille de sa prise de poste. Il avait espéré se saouler juste assez pour se détendre et parvenir à s’endormir malgré sa conscience tourmentée, mais la nouveauté de cette expérience avait engendré une conséquence… inattendue.
Quelques verres avaient suffi à lui faire faire un black-out. Le sommeil qui s’était ensuivi avait été si épais qu’il n’en avait pas émergé dès le lendemain, mais le surlendemain seulement.
Lorsqu’il avait compris qu’il avait raté son premier jour de travail, Leon s’était empressé de juguler sa panique pour réagir de manière ordonnée et efficace, comme il serait amené à le faire tant de fois par la suite dans sa vie de flic. Son premier réflexe avait été de tenter de joindre le commissariat pour leur dire qu’il avait rencontré un contretemps mais qu’il allait finalement arriver. Mais la ligne du Raccoon Police Department (R.P.D) restait désespérément muette.
Maudissant l’inconséquence de sa conduite, Leon s’était précipité pour reprendre la route. C’était la première et la dernière fois qu’il laissait l’alcool le mettre minable. À la colère qu’il éprouvait contre lui-même se greffait une angoisse latente tandis qu’il essayait encore et encore de joindre le commissariat. Sans succès.
L’officier chargé de l’accueil et de la réception téléphonique était-il en train de récupérer d’une cuite lui aussi ?
L’atmosphère effrayante qui plombait Raccoon City le frappa dès son arrêt à la station-service implantée aux portes de la ville. Le silence absolu qui planait sur l’endroit l’inquiéta. Pas un mouvement ne venait briser l’immobilité surnaturelle qui l’entourait. Même le magasin plongé dans le noir ressemblait à un bâtiment fantôme alors que le pompiste aurait dû s’y trouver.
L’homme se tenait peut-être dans l’arrière boutique, occupé à inventorier des stocks ou à prendre sa pause café. Mais une voix provenant d’une zone mystérieuse de son cortex cérébral soufflait à Leon que quelque chose clochait. Un il-ne-savait-quoi ne tournait pas rond ici et l’instinct du flic qu’il avait hérité d’un père et d’un grand-père qui baignaient dans le milieu depuis leur naissance lui suggérait qu’il s’agissait d’un problème potentiellement grave.Aucun commerçant n’éteint les lumières de son établissement pendant ses heures d’ouverture, a fortiori lorsqu’il fait nuit.
Mû par la curiosité qui lui dictait de contrôler la véridicité de son mauvais pressentiment, Leon pénétra dans le magasin, le canon de son flingue braqué devant lui.
Il faillit sursauter lorsque des geignements de douleur s’élevèrent d’un recoin noyé d’ombres. La lumière de sa lampe torche révéla la silhouette d’un homme avachi contre un mur. Du sang maculait sa chemise et sa gorge. Les yeux écarquillés par une terreur confuse que l’inconnu ouvrait sur les ténèbres environnantes trahissaient la souffrance qui le terrassait. Leon s’avança afin de lui porter secours, mais s’immobilisa presque aussitôt.
Il venait d’entendre du bruit en provenance de l’arrière boutique. Des grognements sourds transperçaient le silence surréel des lieux, anxiogènes comme le grondement d’un loup dans une forêt sombre. Leon entendait également un autre son. Une voix humaine masculine qui semblait donner des ordres.
Il comprit quelque chose comme « arrête de bouger ». Le redoublement des grognements lui laissa deviner que leur source n’obtempérait pas vraiment.
L’image d’une panthère noire s’ébaucha dans son esprit. Ça ne serait pas la première fois qu’un cirque laissait filer l’un de ses fauves. Il était vraiment temps que le législateur interdise la détention, le transport et les spectacles incluant des espèces d’animaux non domestiques. Un tigre, un lion ou un ours n’avaient rien à faire dans un cirque et Leon était persuadé que la scène dont il était témoin allait en faire une nouvelle démonstration sinistre.
Neutraliser l’animal responsable de l’attaque avant qu’il ne fasse une nouvelle victime constituait sa priorité. Il ne pourrait s’occuper du blessé qu’une fois le périmètre sécurisé.
« Je reviens tout de suite », dit-il à l’homme gémissant.
Leon Kennedy dans Resident Evil 2 (remake). Source.
Les cris et les grognements s’intensifiaient. Leon partit dans leur direction d’un pas aussi rapide que la prudence le lui permettait, le canon du Wing Shooter toujours braqué devant lui.
Il s’attendait à surprendre une confrontation entre un homme et un grand félin dans la réserve du magasin. Au lieu de quoi, il surgit en plein milieu d’une lutte qui opposait deux hommes. L’un d’eux portait l’uniforme des policiers de Raccoon City et l’autre grognait, les lèvres retroussées sur ses dents comme un chien enragé n’aspirant qu’à mordre. Le premier avait plaqué le second face contre le mur et faisait pression de son corps contre son dos pour l’immobiliser.
L’apparition brutale de Leon avait toutefois dû déstabiliser son collègue, car le suspect parvint à donner une ruade qui l’ébranla un peu plus que les autres.
« RECULE ! » hurla-t-il à Leon alors que l’homme-bête feulait et s’agitait de plus en plus vigoureusement dans sa poigne.
Les grondements sourds qui s’échappaient de cette gorge humaine sidéraient Leon. Comment un homme pouvait-il produire de tels sons avec ses cordes vocales ? On aurait dit les prémices d’un rugissement. De ceux qui font vibrer la gorge du léopard une fraction de seconde avant qu’il ne fonde sur sa proie pour lui sectionner la jugulaire.
Le suspect profita que l’autre policier se soit laissé distraire un instant. Il fit volte-face dans un cri digne d’une bête féroce. Le reste se passa trop vite pour que Leon puisse l’empêcher.
Il les vit basculer tous les deux sur le carrelage. L’assaillant mordit l’agent si profondément au visage que le sang gicla comme s’il avait possédé des couteaux à la place des dents. Leon chercha un angle de tir qui lui permettrait d’intervenir sans risquer d’atteindre l’autre policier. La position des deux combattants, enlacés dans leur lutte comme deux amants pendant l’amour, lui interdisait toutefois d’utiliser son arme. Il ne put qu’assister au spectacle répugnant du suspect arrachant la gorge de son collègue dans un ultime coup de mâchoire impitoyable.
Le policier expira dans un hurlement étranglé sous le regard consterné de Leon qui se demandait s’il avait réellement dessoûlé ou s’il n’était pas encore en train de cuver dans sa chambre au motel.
La créature releva vers lui son faciès blême éclaboussé des taches violacées symptomatiques du purpura. Le sang frais de sa victime barbouillait ses lèvres et son menton. Quelques striures pourpres maculaient également ses joues. La pénombre qui régnait dans la réserve rendait la scène encore plus surréaliste. Maintenant que Leon la contemplait en face, il ne pouvait plus considérer cette chose comme un être humain. La faim brûlante qu’il lisait dans le regard voilé de cataracte qui le toisait était celle d’un animal dont l’existence se situait au-delà de tout Bien et de tout Mal. Un prédateur qui n’avait pas d’autre conscience que celle de l’instant présent. Pas d’autre sentiment que le besoin qui le préoccupait en cet instant précis.
Leon ignorait la nature exacte de ce qu’il affrontait. Néanmoins la partie la plus primitive de son cerveau, celle qui en des temps immémoriaux commandait aux hominidés de se blottir autour du feu la nuit pour se soustraire aux ténèbres et aux dangers qui y rôdaient, lui hurlait que cette menace n’avait rien de naturel.
Une dizaine de mots différents défilèrent dans son esprit pour désigner la vision d’horreur que représentait cette face humaine déformée par une faim bestiale. Vampire. Goule. Strige. Zombie…
Mais Leon ne prêtait aucune foi en tous ces contes. Il ne croyait même pas en Dieu.
Son cartésianisme l’aida à rendre un peu d’humanité à la figure grimaçante qui le défiait. Il ne put se résoudre à tirer séance tenante. Son flingue tremblait légèrement au bout de ses bras. Et s’il subsistait toujours une conscience tapie quelque part sous cette apparence monstrueuse ? S’il avait affaire à un authentique lycanthrope – l’un de ces malades mentaux persuadés d’être transformés en loups ?
Le suspect, la créature ou peu importe le nom qui lui convenait, venait de tuer un homme – un policier de surcroît, mais ne serait-ce pas tout aussi criminel de l’abattre sans aucune cérémonie à son tour ?
Il s’agissait vraisemblablement d’un fou que psychiatres et tribunal jugeraient irresponsable de ses actes si on lui laissait la chance de bénéficier d’un procès.
Leon n’était pas encore le tueur froid et implacable, l’assassin légal qu’il deviendrait par la suite. Il sortait tout juste de l’école de police et n’avait même pas encore intégré officiellement son poste à l’heure de cette rencontre. Or, contrairement à ce qu’en laisse croire le cinéma, exécuter un homme n’a rien de simple. Pour un flic, dont le métier consiste avant tout à sauver des vies et non à en prendre, recourir à une telle mesure apparaît aussi contre-nature qu’intolérablement douloureux. Au moins jusqu’à ce que l’expérience lui coffre le coeur en lui apprenant à dissocier consciemment sa moralité du doigt qui presse la détente du flingue, comme ce serait le cas pour Leon un jour. Il y aurait d’un côté Leon le frère, l’ami, l’amant, et de l’autre Leon le flic et… le tueur.
Mais cette époque n’était pas encore arrivée. Le Leon de vingt-et-un ans qui se tenait dans le magasin de cette station-service vibrait encore de toutes ses illusions sur le Bien et la Justice. Les années passées au service de la nation ne l’avaient pas encore abîmé. Elles ne l’avaient pas encore doté de ce cynisme insolent qui enterrerait sa jeunesse en doublant l’âge de son âme. La noirceur de l’âme humaine n’avait pas encore collé au fond de ses tripes cette colère glaciale qui un jour s’emparerait de lui lorsqu’il songerait à Freddy Krueger, Albert Wesker et à tous les tristes sires qui gâchaient des vies par leur malfaisance, comme Herman Carter ficherait en l’air celle de sa jeune sœur et la sienne…
Le Leon de vingt-et-un ans ne voulait pas prendre une vie injustement. Quand bien même celui qui en jouissait venait d’en éliminer une autre.
Parce qu’il espérait que subsistait encore quelque chose de l’individu qui lui faisait face sous l’apparente folie qui le frappait, Leon retint le doigt qu’il pressait contre la gâchette du Wing Shooter. Peut-être pouvait-il encore espérer maîtriser ce fou par la peur des balles à défaut de savoir le ramener à la raison par un discours.
Il injecta dans sa voix toute l’autorité dont il était capable pour dire :
« Ne bougez pas ou je tire. »
Leon Kennedy face au zombie dans la station essence aux portes de Raccoon City. Source.
N’importe quelle personne sensée se serait soumise devant la dureté de l’expression qui fermait le jeune visage de Leon. Le feu d’une détermination farouche réduisait la peur dans ses yeux à un éclat diffus dans ses iris. L’adrénaline qui pulsait dans ses veines restreignait le monde à une unique pensée qui occupait aussi tout son champ de vision : la cible à abattre.
Lorsque l’homme, loin de céder à la menace du canon braqué droit sur sa poitrine, se jeta sur lui en grondant comme un molosse, Leon se tenait prêt. Il ne lui donna pas l’opportunité de l’approcher. Il pressa la détente.
Plusieurs coups de feu retentirent dans la nuit, semblables aux détonations d’un canon dans l’espace étroit de la réserve.
Leon vida son chargeur dans la poitrine de son adversaire avant d’enfin parvenir à le coucher.
« Bordel de merde ! Pas trop tôt ! » s’exclama-t-il comme le corps s’immobilisait enfin sur le carrelage.
Il troqua le chargeur vide contre l’un des magasins amovibles qu’il portait dans les poches de son pantalon avec des gestes hâtifs. S’il avait reproduit ces mêmes gestes lors d’un cours à l’école de police, ses professeurs les auraient jugés trop nerveux. Mais Leon ne se trouvait plus à l’école. L’homme à ses pieds – ou la créature, ou peu importe ce que pouvait être cette chose dans la chair de laquelle il avait fallu loger des dizaines de balles pour qu’elle daigne enfin mourir – n’était pas un mannequin sur lequel des centaines de recrues s’étaient exercées au tir avant lui. Il s’agissait d’un véritable suspect. Le premier auquel Leon était confronté de sa carrière de flic. Le premier qu’il lui avait fallu abattre aussi.
Un doute soudain s’immisça dans son esprit. Comment s’assurer de la mort d’un homme qui avait nécessité des dizaines de balles pour être neutralisé ?
Leon se rapprocha du cadavre avec toute la circonspection qu’exigeaient les circonstances, son flingue tendu devant lui. Ses pires craintes se confirmèrent lorsque ses yeux perçurent un mouvement près du sol.
Le torse du prétendu cadavre frémissait.
« Putain de Dieu ! »
Ce salopard vivait encore. Il se relevait !
Leon tira une nouvelle salve de balles. Les munitions trouèrent le visage de la créature. Elle retomba sur le dos, définitivement morte cette fois pour ce qu’il pouvait en juger.
Il ne demanda pas son reste. Il détala le long du couloir de la réserve et surgit dans le magasin. L’homme blessé n’était plus là. Ou peut être que si… Mais Leon arrivait trop tard.
Des mains cherchèrent à l’attraper dans le noir. Les grondements gutturaux qui résonnaient tout autour de lui indiquaient clairement que la pièce grouillait d’autres créatures. Elles renversèrent des rayonnages dans leurs tentatives maladroites pour le saisir. Il esquiva toutes leurs attaques et se rua vers la sortie. Jaillissant hors de la boutique comme une balle, il tomba nez à nez avec un visage effrayé dans lequel s’ouvraient de grands yeux écarquillés.
Claire Redfield dans le remake de Resident Evil 2. Source.
Il brandit le Wing Shooter instinctivement.
« Ne tirez pas ! » implora la femme à laquelle appartenaient ces yeux.
Elle leva les mains en l’air et Leon vit qu’elle aussi tenait un revolver.
Ce n’était toutefois pas elle que Leon visait. Il braquait quelque chose dans son dos.
« Baissez-vous » ordonna-t-il.
Il fit feu sur la créature qui allait la saisir par derrière. Il lui troua le cervelet d’une première balle puis lui sectionna la moelle épinière d’une deuxième.
Une satisfaction soulagée s’empara de lui lorsqu’il vit l’homme s’écrouler pour ne plus se relever. Cette stratégie s’avérait donc fructueuse. Il allait cependant falloir remettre les réjouissances à plus tard. D’autres créatures arrivaient par dizaine. Certaines émergeaient de derrière des voitures comme des dormeurs grincheux d’avoir été tirés de leur sommeil. D’autres, probablement attirées par les détonations du Wing Shooter, se déversaient dans leur direction depuis les bas côtés de la route dans une reproduction glaçante des hordes de zombies d’Hollywood.
Leon embrassa le périmètre du regard. En une fraction de seconde, il analysa la situation et décida de ce qu’il convenait de faire.
Même si l’inconnue était armée elle aussi, ils ne pourraient jamais venir à bout d’autant d’adversaires. D’autant plus que les bruits du combat risquaient d’en attirer de plus en plus. Se replier dans le magasin ne constituait pas une solution acceptable non plus avec les créatures qui les y attendaient. Puis que feraient-ils ensuite ? Attendre les secours en priant pour que quelqu’un parvienne à se frayer un chemin jusqu’à eux dans ce qui ressemblait à un début d’apocalypse ? Ce n’était pas viable. Ils devaient gagner le commissariat au plus vite. Ses collègues pourraient probablement les informer sur la situation et leur indiquer la conduite à tenir.
Les créatures bloquaient l’accès à la voiture dans laquelle Leon était arrivé. Celle du policier tué dans la réserve s’avérait bien plus proche en revanche. La portière côté conducteur était encore ouverte, témoignant de la précipitation avec laquelle son occupant avait dû en sortir. Entrapercevoir la clé dans le contacteur d’allumage emporta la résolution de Leon. Il s’élança tout à coup. Franchit en courant les quelques pas qui le séparaient du véhicule en évitant les doigts grisâtres qui essayaient de l’attraper au vol. Il bondit dans l’habitacle plus qu’il ne grimpa à l’intérieur, puis, allongé de tout son long à travers les sièges avant, ouvrit la portière côté passager.
« Eh ! Ramène-toi ! » cria-t-il à sa compagne d’infortune juste avant de se redresser sur le siège du conducteur.
Comme si la jeune femme n’avait guetté que ce signal, elle exécuta le même sprint désespéré et sauta dans le véhicule à son tour. Leon n’attendit pas qu’elle verrouille sa ceinture de sécurité ni même qu’elle referme sa portière. Il mit le pied au plancher et exécuta le plus beau démarrage en trombe en marche arrière de sa vie.
Quelques instants plus tard, Claire et lui roulaient en direction de Raccoon City. Leon constata d’un regard dans le rétroviseur que quelques créatures tentaient de les suivre, mais elles étaient bien trop lentes pour rivaliser avec le moteur. Celles qui s’essayaient à courir trébuchaient et tombaient au bout de quelques mètres.
La coordination motrice n’était visiblement pas le fort de ces choses. Intéressant.
La voiture de police prit un virage en S et la vision de la horde hurlante s’évanouit. Un silence épais comme du béton tomba dans l’habitacle. Leon fut saisi brusquement d’une conscience aigüe des battements de son coeur. Il lui semblait que c’était au niveau de son estomac et surtout dans ses mains qu’ils cognaient avec le plus de véhémence. Sa force vitale toute entière paraissait se concentrer dans ses paumes campées sur le volant. À présent que l’adrénaline refluait lentement, il s’apercevait d’à quel point ses doigts s’étaient contractés autour du cuir.
Il jura.
« Putain. J’aurais aimé que quelqu’un m’avertisse que j’allais débarquer en plein tournage du nouveau Romero ».
Il essayait de détendre l’atmosphère. Mais sa compagne était trop ébranlée pour plaisanter.
« Qu’est-ce qui se passe ici ? D’où sortent ces choses ? » demanda-t-elle.
Son effroi et sa confusion manifestes incitèrent Leon à laisser tomber toute tentative d’humour.
« Je n’en sais rien. Espérons qu’ils en sachent plus au commissariat.
– Quoi, t’es flic ?
– Ouais. Leon Kennedy. Et toi ?
– Claire. Claire Redfield. »
Elle lui expliqua qu’elle cherchait son frère, flic lui aussi.
« Une chance qu’on se soit rencontré, dit-il. J’ai aucune idée de ce qui nous attend. »
Et tous les films de George A. Romero lui paraîtraient fades et sans saveur après ça.
Leon Kennedy et Claire Redfield dans les rues de Raccoon City.Source.
Merci une nouvelle fois pour votre intérêt pour cette fanfiction et ce personnage ♥ J’espère que ce premier chapitre vous a fait passer un bon moment de lecture.
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Chris
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