Il s’appelait Baptiste. C’était mon ami.
J’avais douze ans lorsqu’il est mort.
Il en avait dix.
La leucémie l’a arraché brutalement au monde après de longs mois de bataille.
Durant ses hospitalisations, la maladie le contraignait à de longues périodes d’isolement. Pour éviter que des germes en provenance de l’extérieur ne contaminent son organisme fragile.
Dix ans, c’est jeune pour passer des semaines entières, de jour comme de nuit, enfermé dans un hôpital sans autre compagnie que le personnel chargé de vos soins.
Elle s’appelait Denise. Mais dans le quartier, tout le monde l’appelait Mademoiselle malgré sa nonantaine bien entamée.
Jardinage, préparation de conserves, couture… Mademoiselle était toujours affairée, toute retraitée qu’elle était. Elle vivait chichement et ne redoutait pas le travail. Chacun de ses gestes était accompli avec la constance méticuleuse des gens du siècle dernier dans une économie de mouvements proportionnelle à sa générosité de cœur.
Mais il a fallu se rendre à l’évidence : Mademoiselle ne pouvait plus rester chez elle. Sa santé en déclin ne lui permettait plus d’être autonome.
La placer dans un établissement adapté à l’accueil de personnes âgées devint inévitable.
De sa famille, il ne lui restait plus qu’un neveu gravement malade qui venait la visiter quand son propre état l’y autorisait.
Et puis un jour, ce neveu est mort, terrassé par le cancer.
Mademoiselle s’est alors retrouvée quasiment seule au monde.
La solitude lui est tombée dessus ainsi qu’une chape de plomb qui l’enterrait vivante avec les souvenirs du dernier être cher qui lui restait et qu’elle avait perdu.
Mademoiselle a fini par perdre la tête. Elle s’est créée une réalité alternative dans laquelle son neveu était toujours vivant et occupait la chambre voisine de la sienne.
Et moi, que la vie avait emporté si loin de notre quartier, si loin de la maison de mon enfance, de la maison de Mademoiselle et de l’établissement où elle était hébergée, j’apprenais cette situation, le cœur dévasté de tristesse.
Quelle culpabilité de ne pouvoir rien faire pour elle. Pour cette petite dame adorable, cette grand-mère de proximité, qui avait apporté tant de tendresse à mon enfance. Qui me gardait toujours une part des délicieux gâteaux qu’elle confectionnait. Qui me dispensait ses connaissances et son amour pour la nature et les animaux. Qui me laissait jouer autour d’elle dans son jardin pendant qu’elle bichonnait ses fleurs.
Mademoiselle n’avait jamais eu d’enfants et je crois que ma présence égayait son quotidien.
Peut-être Mademoiselle n’aurait pas perdu la tête si quelqu’un avait pu aller passer de longs moments avec elle. La visiter longtemps, régulièrement.
Quant à Baptiste, il n’avait pas d’autres choix que cette solitude imposée par sa maladie.
Mais d’autres enfants sont toujours hospitalisés et ont la chance de pouvoir recevoir des visites. Il est important de pouvoir leur offrir.
C’est pour les Baptiste et pour les Mademoiselle que j’ai décidé de rejoindre les streamers qui soutiendront Les Blouses Roses sur Twitch les 13, 14 et 15 juin prochains durant l’événement caritatif solidaire StreamMates 2025.
Depuis plus de 80 ans, Les Blouses Roses écoutent, réconfortent, distraient les enfants et les adultes hospitalisés ainsi que les personnes âgées en Ehpad. Leurs actions apportent de la joie et de la chaleur humaine dans un quotidien de solitude et/ou de soins.
Ajoutons notre pierre à l’édifice. Venez soutenir Les Blouses Roses avec moi ! => Soutenir les Blouses Roses <==
Parce que :
Quand la vie impitoyable
Vous tombe dessus
Qu’on est plus qu’un pauvre diable
Broyé et déçuAlors sans la tendresse
D’un cœur qui nous soutient
Non, non, non, non
On n’irait pas plus loinLa Tendresse – Bourvil
Permettons à toutes ces personnes qui ont besoin des Blouses Roses d’aller plus loin. Soutenons l’association Les Blouses Roses ensemble ❤️🩹
Rendez-vous sur Twitch les 13, 14 et 15 juin prochains pour des rencontres, du fun (avec et sans jeux vidéos) et surtout de l’humanité 💖
Retrouvez le programme des activités que je réaliserai pendant l’événement sur mon discord communautaire et sur YouTube.
Je compte sur vous !
Chris Bellabas - Écrivain 
Comme ce temoignage en hommage a ces 2 etres que j ai bien connu et qui ne sont plus, m’ a profondément touché. Ils ont vecu, tous les 2, des épreuves douloureuses et bien penibles, dont ils ne se sont pas remis. Baptiste avait toute sa jeunesse, sa vie n etait qu au debut de toutes ses esperances, Mademoiselle Girouard vivait paisiblement sa retraite, souriante, généreuse de coeur, et on l a croyait eternelle. Certes toujours active, il me semblait que le temps nous l’a garderait longtemps, elle était si discrete, pourquoi tout à coup, le sort en déciderait autrement ? Et puis brutalement, la vie nous a privé de la Jeunesse de Baptiste, notre ciel s est assombri, et surtout celui de sa famille, de sa fraterie, de ses mamies,papis, emportant avec lui tout l Amour des siens, Rien ne serait plus pareil.Quand à Mademoiselle,en peu de temps, aussi touchée par de gros chagrins personnels, des deuils, seule il a fallu la placer, hélas il y a des cicatrices qui ne se ferment jamais, elle aussi s en est allée. Pourtant dans ce bel hommage fait à leurs intentions., en fermant les yeux, ils étaient là, je revoyais leur visage, j ai ressenti leur présence, oui ils faut se battre pour toutes ces personnes dans la Souffrance, et les Blouses Roses en sont un Bel exemple, Bienveillance, Compassion, Merci de penser ceux qui ont besoin de soutien.
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Comme le dit si bien Renoir, mon personnage préféré dans le jeu « Clair Obscur » traversé d’un bout à l’autre par la thématique du deuil :
« Il est important de nous souvenir de ceux que nous aimons. De les garder vivants dans notre esprit quand ils sont loin de nous. Très, très loin de nous… »
Ecrire sur eux, c’est les ramener à la vie un peu.
Merci pour ton commentaire ❤
Je recommande chaudement « Clair Obscur » à toutes les personnes qui connaissent ou ont connu l’épreuve du deuil : https://www.youtube.com/watch?v=UCoprTzYaWA&list=PLNysP5Lx6S-3edfuBB22RxDLT2JRyJRGf
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