Le Procès Malefoy, chapitre 11 : Le Veilleur [fanfiction Harry Potter]

Rappel des liens des chapitres précédents

Chapitre 1 : La Déchéance des Malefoy
Chapitre 2 : Le Nouvel Ordre
Chapitre 3 : Le Besoin d’un père
Chapitre 4 : Quelques Mots de réconfort
Chapitre 5 : La Morsure des Ténèbres
Chapitre 6 : Le Procès de Drago
Chapitre 7 : L’Apogée de la Terreur
Chapitre 8 : Psychomage et thérapie ?
Chapitre 9 : Hantise et strangulation
Chapitre 10 : Les Enfants des Ténèbres

Temps de lecture estimé : 36 minutes

TW : ce chapitre contient des scènes de violence 💀

Ollireds Lucius Malefoy Young
Lucius Malefoy. Crédit : Ollireds.

– Chapitre 11 –

Le Veilleur

🐍

Que savez-vous du genre humain
Et de la solution finale
Que savez-vous du Bien
Que savez-vous du Mal ?

Dracula – Nous sommes ce que nous sommes

« Ce soir et pour toujours, ton nom s’ajoute à la liste des sorciers valeureux qui œuvrent pour sauver le monde magique, poursuivit Lucius en fixant le jeune Rogue droit dans les yeux. En te marquant comme l’un des nôtres, le Seigneur des Ténèbres t’a reconnu le droit de combattre à nos côtés pour l’avènement d’une ère nouvelle. Une ère sans complaisance pour les Moldus qui seront rétablis à la place qui leur revient, celle de serviteurs des sorciers qui pourront enfin vivre en toute quiétude, sans n’être plus contraints de se cacher, et pourront donner libre cours à la pleine puissance de la Magie. »

Le velours solennel et macabre de sa voix vibrait de l’enthousiasme du partisan et procurait des frissons au cercle des Mangemorts. De ceux qui animent les cœurs humains communiant dans les mêmes croyances, baignant dans les mêmes espoirs, qu’ils aspirent à une vie après la mort ou partagent le goût de faire couler le sang de ceux qu’ils refusent de considérer comme leurs semblables.

« Tu possèdes à présent des compagnons pour te soutenir dans la concrétisation de ton rêve d’un monde meilleur. Ces compagnons, dont certains sont présents autour de toi aujourd’hui, partageront tes défaites et tes victoires ; ils t’épauleront lorsque tu perdras courage ; lorsque tu ploieras sous le poids de ton devoir, ils t’aideront à te souvenir pourquoi il importe que tu l’accomplisses ; les plus doués ou les plus expérimentés d’entre eux t’enseigneront ce qu’ils savent des arcanes de ce monde et de celui d’Après ; et de vos âmes unies dans les ténèbres jaillira la lumière qui se déversera bientôt sur la Grande-Bretagne, puis sur le monde lorsque les autres sorciers, voyant ce que vous aurez accompli, se révolteront à leur tour contre les Moldus pour prendre la place qui leur revient dans la marche du monde. Parce que la Magie est Puissance. Le Seigneur des Ténèbres est Puissance. Montre-nous la marque qu’Il t’a faite. »

Pris de court, Rogue sembla hésiter un instant. Puis remarquant que tous les regards se braquaient sur lui, il souleva d’un geste prompt la manche de sa robe de sorcier afin de dévoiler la peau de son avant-bras droit.

Une onde d’excitation parcourut le cercle des Mangemorts. La Marque des Ténèbres, noire comme le pelage d’un sinistros, ressortait sur la chair pâle, gravée par la magie. Le crâne dont s’échappait un long serpent entortillé qui formait le symbole de l’infini brilla sous l’éclat du disque lunaire tandis que les yeux de Lucius s’allumaient de satisfaction. Il avait bien œuvré. Severus Rogue faisait désormais partie des leurs et Lucius était certain que le Seigneur des Ténèbres n’aurait jamais à se questionner sur sa loyauté. Il ne lui avait guère fallu longtemps pour s’apercevoir que ce gamin malingre, qu’il avait d’abord repéré en raison de son potentiel, détestait les Moldus. Encore moins de temps lui avait été nécessaire pour cerner le mal-être profond et l’isolement dont souffrait silencieusement Severus Rogue. D’Abraxas, Lucius n’avait pas seulement hérité la froideur austère et le charisme du port de tête, il avait également récupéré la vivacité d’esprit et le sens aigu de l’observation.

« Ce soir, je vais célébrer ton arrivée parmi nous en te faisant un cadeau, reprit-il en gratifiant Rogue d’un sourire amical qui conservait néanmoins toute sa froideur. Le présent que je m’apprête à te faire est extrêmement précieux et constituera, en plus de la Marque des Ténèbres, un signe distinctif de ton appartenance à notre assemblée. Faites apparaître vos familiers », lança-t-il aux autres Mangemorts, et il eut le plaisir de les voir s’empresser d’obéir comme si l’ordre venait de Lord Voldemort en personne.

Leurs corps se mirent à dégager une abondante brume grisâtre qui jaillissait d’eux comme de vivants encensoirs. Cette condensation surnaturelle coula sur l’herbe parsemée de la clairière et la recouvrit de ses arabesques aériennes. Rogue écarquilla les yeux en voyant des silhouettes humaines transparentes en émerger soudainement, fusant dans l’air comme de délicats oiseaux avant de poser gracieusement pieds à terre.

« Je te présente le moyen de communication le plus rapide et le plus sûr du monde magique, dit Lucius à un Severus qui posait sur les apparitions un regard ébahi et un peu méfiant. Des fantômes, comme tu peux le constater. La Marque nous permet de faire savoir au Seigneur des Ténèbres que nous désirons le voir et vice versa, mais elle ne nous permet pas d’échanger des informations complexes. Il nous fallait un autre moyen sûr et efficace de communiquer. Les morts ne s’encombrent pas de frontières. Traverser un océan ne leur pose aucun problème, pas plus que d’aller trouver un destinataire perdu au sommet d’un pic glacé, dans le cœur d’un volcan ou d’une jungle hostile pour lui délivrer un message. »

Rogue examinait les fantômes avec intérêt pendant que Lucius parlait. Plusieurs d’entre eux lui adressèrent un signe de tête poli en croisant son regard.

Le familier de Bellatrix, un quinquagénaire brun à l’air sévère et à la carrure robuste ressemblait beaucoup à Cygnus Black. Lucius savait que cette similitude troublait beaucoup Narcissa.

Le familier de Macnair, un trentenaire dans la force de l’âge, aurait facilement pu passer pour un joueur de quidditch s’il avait encore possédé un corps de chair. Son allure droite et dynamique s’opposait à celle de son voisin, le familier de Wilkes, un vieillard qui se tenait le dos courbé et se cramponnait à sa canne comme s’il risquait encore de chuter alors qu’il flottait à quelques centimètres au-dessus du sol.

Les familiers de Mulciber et d’Avery, deux femmes, se ressemblaient à s’y méprendre et pour cause : il s’agissait de jumelles mortes dans leur trente-troisième année. La femme debout entre Rosier et elles, une quadragénaire qui avait dû être blonde, portait le tailleur des employées de bureau et dardait sur les Mangemorts et ses semblables un regard frigide, comme si rien de tout ce qu’elle voyait ne la concernait.

Enfin, le familier de Rabastan Lestrange, un jeune homme tué un mois avant son vingt-septième anniversaire, pirouetta dans les airs avant d’exécuter une révérence malicieuse lorsque le regard de Rogue se posa sur lui.

« Bonjour, Monseigneur. Je suis Dale Wei ! »

Comme souvent lorsque le fantôme manifestait son extraversion, Lucius sentit une pointe d’agacement le saisir. Mais comme disait l’adage qu’il avait spécialement inventé pour Rabastan et D. Wei qui lui portait au moins aussi souvent sur les nerfs que son maître, tel Mangemort, tel familier.

Sans tenir compte de cette intervention, Lucius reprit à l’adresse de Rogue :

« Ces fantômes que tu vois ne sont pas n’importe quels fantômes. Ce sont ceux de nos premières victimes. Je sais ce que tu penses : pourquoi ont-elles accepté de rester sur Terre pour servir leurs assassins ? En réalité, nous ne leur avons pas laissé le choix. Le Seigneur des Ténèbres, qui est allé plus loin que n’importe quel sorcier sur le chemin de la mort, a trouvé un moyen de capturer les âmes expirantes et de les soumettre. Nos familiers constituent non seulement des messagers de choix, car ils sont plus rapides que n’importe quel sort et impossibles à intercepter par les voies qu’ils empruntent, bien plus directes que n’importe quel chemin terrestre, mais leur autonomie représente également un incroyable atout. Contrairement aux inferi, nos familiers ont conservé leur personnalité et leur faculté de raisonner, ils sont donc en mesure de prendre des initiatives par eux-mêmes, toujours dans un sens favorable à leur maître. Ils peuvent lui porter secours en alertant l’un d’entre nous s’il se trouve inconscient ou en mauvaise posture. »

Rogue dévisageait avec admiration la femme qui lévitait aux côtés de Lucius, une beauté égyptienne à laquelle la mort conférait une sorte de grâce éthérée. Lucius l’avait tuée au cours d’un voyage au Costa Rica en compagnie d’Antonin Dolohov alors qu’elle essayait de les empêcher de s’emparer d’une relique convoitée par le Seigneur des Ténèbres. La relique en question s’était avérée décevante et Voldemort s’en était désintéressé presque immédiatement après leur retour, mais Lucius n’en avait éprouvé nulle déception, persuadé que le but caché de cette expédition consistait à l’éprouver pour qu’il démontre ses capacités.

« Un fantôme ne peut normalement hanter que les lieux qu’il fréquentait de son vivant… », dit Rogue d’une voix assourdie par la surprise.

Lucius n’éprouvait nul doute sur l’origine de l’admiration avec laquelle Rogue dévisageait la défunte . Il devinait que le jeune homme se trouvait moins fasciné par la beauté orientale de ses traits que pour ce qu’elle représentait : une prouesse de magie noire.

« Nos familiers n’obéissent pas aux mêmes lois magiques que les fantômes communs, dit Lucius, les lèvres tirées par la satisfaction. Il est désormais temps pour toi d’avoir le tien. As-tu apporté un objet auquel tu tiens et que tu pourras toujours conserver sur toi, comme je te l’avais demandé ? »

Rogue opina et plongea la main dans sa robe de sorcier. Il en sortit une fiole oblongue autour de laquelle s’enroulaient, incrustées à même le verre, des torsades d’un métal délicatement ciselé en forme de tiges et de feuilles. Il tendit la main devant lui afin que chacun puisse la voir.

« Du verre ? Fit Lucius, sceptique. Ce flacon est élégant, mais trop fragile. Si tu le casses, tu perdras l’âme de ton familier. Es-tu sûr de toi ?

– Certain. Il… Il appartenait à ma mère. Je l’ai déjà renforcé par un sortilège de résistance.

Lucius haussa un sourcil appréciateur. Il aurait dû se douter qu’une personnalité aussi ingénieuse que le jeune Rogue prendrait ce genre de précaution.

– Très bien. As-tu la moindre petite idée de la façon dont se crée un familier ?

– En dehors du meurtre qui constitue la première étape je présume, non, avoua Rogue qui, s’il sauvait les apparences par une façade de calme inébranlable, laissait transparaître des signaux de nervosité que l’œil acéré d’un Malefoy ne pouvait rater.

– Nous ne disposons que de quelques secondes pour agir à l’instant où la victime expire. Ce délai correspond au temps nécessaire à l’âme pour se stabiliser après avoir été affranchie brutalement des liens qui la maintenaient à la chair. Si tu agis trop tôt, tu la détruiras, mais si tu agis trop tard, elle t’échappera.

– Mais comment capture-t-on une âme ? Demanda Rogue, dont le timbre rauque de la voix trahissait l’anxiété grandissante et avide.

– Il ne s’agit pas seulement de la capturer et de l’empêcher de gagner l’autre-monde, mais de la fixer dans l’objet que tu as choisi pour lui servir de réceptacle. Cette fiole que tu tiens dans ta main et que tu devras porter en permanence sur toi afin d’offrir à ton familier un lieu sûr où se réfugier et se reposer lorsque tu ne seras pas en mesure de le nourrir.

– Le nourrir ? Répéta Rogue, le visage empreint de perplexité. Mais un fantôme…

– Ne mange pas d’aliments solides, compléta Lucius avec un sourire entendu. Mais contrairement aux fantômes classiques qui hantent généralement les lieux où ils sont morts, où ceux dans lesquels ils ont vécu, nos familiers n’ont pas vocation à rester attachés à un seul endroit. L’objectif est bien de leur permettre d’être mobiles et ils ne peuvent acquérir cette faculté qu’à condition que nous partagions un peu de notre énergie avec eux. Montre-lui, Danaë. »

Le fantôme se tourna lentement vers Lucius qui avait ouvert les bras comme s’il l’invitait à une étreinte. La silhouette nacrée se délita brutalement dans l’air en longs rubans qui fusèrent vers le Mangemort comme des serpents. Ils se glissèrent entre ses lèvres entrouvertes et un long frisson secoua tout le corps de Lucius alors qu’un froid intense gelait ses entrailles. Les incursions spectrales de Danaë lui faisaient toujours cet effet. Lucius les désignait sous le nom de Baisers de la Mort. La sensation de glace s’intensifiait encore lorsque Danaë entamait sa ponction énergétique, puis se dissipait au bout de quelques secondes, absorbée par sa propre chaleur de vivant.

Rogue, incrédule, contemplait l’insolite spectacle de la fusion du fantôme et de Lucius dont le corps dégageait à présent une aura ivoirine. Lucius sentait les mains spectrales de Danaë s’accrocher à son esprit et plonger les mains dans le bassin de son flux vital pour y boire allègrement. Le Mangemort savourait l’expérience transcendante de cette intimité entre mort et vivant. L’opération n’était pas plus désagréable qu’une morsure de vampire. Du moins Lucius le supposait-il, car il n’avait jamais rencontré de vampire. Il ne connaissait de ces créatures que ce qu’Antonin Dolohov lui en avait raconté : elles plongeaient leurs proies dans un état de demi-rêve avant de s’en repaître. Ainsi, le vampire festoyait tranquillement et sa victime ne souffrait pas, à peine consciente de ce qui se déroulait.

Lorsque la silhouette de Danaë se sépara du corps de Lucius, tout au plus accusait-il une légère fatigue passagère. Le corps translucide de la fantôme, lui, brillait de nouveaux reflets irisés sous la lueur de la lune et semblait plus solide.

Lucius sourit à Rogue.

« Danaë vient de prélever assez d’énergie pour porter un message en Afrique. Et si tu nourris suffisamment ton familier, tu peux aussi lui permettre…, commença Lucius, mais il s’interrompit. Une démonstration vaudra davantage que des mots. Danaë ? »

Elle opina et se tourna vers Rogue avec un sourire éclatant. Celui-ci, immobile et légèrement anxieux malgré les larges sourires de ses camarades autour du cercle, regarda la fantôme approcher comme s’il s’attendait à ce qu’elle l’attaque. Et effectivement, Danaë fondit brusquement sur lui. Elle s’empara de sa baguette magique dans le revers de sa cape. Avant qu’il n’ait pu réagir, elle s’envolait à dix mètres du sol.

Rogue contempla avec stupéfaction la fantôme voleter au-dessus de la cime d’un araucaria en faisant malicieusement tourner sa baguette entre ses doigts. La scène, qui n’aurait revêtu aucune portée spectaculaire dans un film moldu où les revenants de toutes sortes se montraient coutumiers de provoquer les pires catastrophes, s’avérait proprement étonnante chez les sorciers. Aucune entité relevant des lois immatérielles ne possédait normalement le pouvoir d’agir sur la matière en dehors des esprits frappeurs – comme Peeves qui hantait Poudlard – ou des créatures échappées d’autres plans, comme les démons.

« C’est à cause de ton énergie qu’elle est capable d’interagir avec la matière ? Demanda Rogue, soufflé.

– Grâce à mon énergie corrigea Lucius, fier de la démonstration. En partageant un peu de notre force vitale avec nos familiers, nous pouvons leur permettre de s’incarner davantage et donc de pouvoir recouvrer un peu de pouvoir sur la matière. Il faut néanmoins se montrer prudent lors de la transfusion, car ils adorent ça et peuvent se comporter en véritables vampires psychiques au risque de vider leur maître de toute son énergie, jusqu’à la mort. Rends-lui sa baguette, Danae.

Lucius poursuivit alors que la fantôme redescendait vers Rogue et lui tendait l’instrument magique.

– Comme tu le constates, un familier se révèle plus que pratique. Néanmoins, aucun sorcier ne possède le pouvoir de capturer une âme et de l’empêcher indéfiniment de gagner l’Autre Rive. Aucun sortilège, aucune potion n’autorise une telle prouesse, parce qu’aucun être humain n’est capable de la réaliser. La seule chose qui se révèle humainement réalisable consiste à tuer quelqu’un afin de transformer son cadavre en inferius. Cependant, si un inferius constitue une créature puissante, il ne s’agit jamais que d’un cadavre transformé en marionnette qui ne fait qu’obéir aux ordres. Il ne s’agit pas de ce que nous désirons créer ce soir. Cette nuit, il sera question d’esprit davantage que de corps. Il sera question de l’âme et non de la chair. Puisqu’il est impossible à des humains d’emprisonner une âme, il va donc nous falloir l’aide d’une créature qui en est capable… À ton avis, Severus, quelle créature possède le pouvoir d’un tel prodige ?

– Je ne sais pas, dit Rogue après un moment de réflexion.

– Sais-tu ce qu’est le Bas Astral, Severus ?

Il fit non de la tête.

Lucius ne lui en tint pas rigueur. À 17 ans, le jeune Rogue en savait déjà beaucoup plus que ses semblables, il ne pouvait pas tout connaître sur tout.

– Tout le monde prétend que personne ne sait rien sur ce qui existe au-delà de la mort, au-delà de la matière, reprit Lucius de sa voix traînante professorale, ménageant son suspens. Cet imbécile de Dumbledore est le premier à l’affirmer, mais c’est faux. Certains sorciers en savent bien plus que ce que le Ministère veut nous faire croire… Et le Seigneur des Ténèbres en fait partie. Nul ici n’ignore qu’il a énormément voyagé. Durant ses périples, il a vu et accompli des choses qui dépassent l’entendement humain et tout ce que vous et moi sommes capables d’imaginer. Nous possédons grâce aux fantômes la certitude qu’il existe bien quelque chose après la mort, que la destruction physique du corps ne constitue pas l’issue finale de l’existence humaine. Mais où vont les âmes une fois libérées de leur gangue de chair ? Quelle destination rejoignent celles qui choisissent de continuer, de ne pas revenir sous la forme de fantômes ?

Lucius marqua une pause théâtrale, savourant le silence religieux dans lequel les autres l’écoutaient, puis reprit.

– Je n’ai pas de réponse arrêtée à vous donner, pas plus que les âmes autour de nous n’en ont, mais je possède au moins une certitude : le monde qui s’étend au-delà de la matière, que certains appellent l’Ether ou l’Astral, se compose de trois niveaux distincts : le Haut Astral, le Moyen astral et le Bas astral.

– Comment peux-tu en être sûr ? Lança Bellatrix, plissant ses yeux aux longs cils maquillés de noir dans une expression de défiance sceptique.

– Parce que le Seigneur des Ténèbres me l’a dit, et qu’il tient lui-même cette information des âmes qu’il a interrogées, répondit Lucius sans trahir le déplaisir que lui causait cette interruption – comment Bella osait-elle le couper et douter de lui ?

– Oui, mes amis, reprit-il, notre Maître a réalisé un voyage astral, et même plusieurs. Je laisse la primeur de ces récits à ceux d’entre vous auxquels il voudrait s’en confier, mais moi à qui il les a révélés, je peux déjà vous affirmer que les entités qu’il a rencontrées de l’Autre-Côté se sont montrées très claires : trois strates verticales composent l’Autre-Monde. Il ne s’agit pas de l’Enfer, du purgatoire et du Paradis de la religion chrétienne. La répartition des âmes dans ces trois plans demeurent un mystère insondable que mêmes les morts ne savent éclaircir, mais ce qui est certain, c’est que le Seigneur des Ténèbres a visité le Bas Astral par l’esprit et il a constaté que l’énergie de ce plan de conscience est dense et opaque comme un banc de brouillard. Elle attire les âmes humaines qui vibrent des énergies les plus basses : celles des suicidés, des violeurs, des tueurs… Mais il ne s’agit pas des seules entités à hanter les lieux. Le Bas Astral abrite également les élémentaires de la nature, les esprits qui font que la Terre est Terre et dont la destruction entraînerait l’effondrement du monde physique. La créature que je vais invoquer pour vous ce soir se trouve également là-bas où sa mission est de veiller à la bonne marche de l’ordre du monde. Ainsi, elle garde la frontière du Royaume des Morts pour empêcher ceux qui ont accepté d’y entrer d’en ressortir. Es-tu prêt, mon cher Severus, à invoquer l’une des rares créatures capables de capturer une âme ?

– Oui », souffla Rogue, le poing crispé sur sa baguette magique.

Le léger tremblement de sa main tira un sourire comblé à Lucius, qui se complaisait à susciter l’effroi autant que l’émerveillement parmi ses camarades. Tous savaient à présent que le Seigneur des Ténèbres avait laissé Antonin Dolohov lui enseigner le sortilège d’invocation qui permettait la création d’un familier. Même Rodolphus Lestrange ne pouvait se vanter d’avoir été mis dans la confidence de ce secret. S’il avait possédé une telle connaissance, cet orgueilleux n’aurait pas manqué d’en faire étalage pour impressionner son imbécile de petit frère et leurs camarades.

Lucius se préparait à reproduire le rituel seul pour la première fois et une excitation croissante mâtinée d’une touche d’angoisse tordait son estomac. Lorsqu’ils avaient créé Danaë, l’aide d’Antonin s’était révélée cruciale pour maîtriser la créature du Bas Astral. Ce soir cependant, leur aîné n’était pas là. La moindre erreur qu’il commettrait pourrait s’avérer fatale pour tous. Pourtant, la peur qu’il éprouvait comme n’importe quelle personne sensée face à une situation dangereuse restait lointaine, diluée dans l’exaltation du moment qui se profilait.

« Préparez-vous à côtoyer l’Obscur et à l’accueillir en ami ! Lança Lucius d’une voix calme malgré la tension qui habitait son être. Mais surtout, n’intervenez que sur ma demande. Je vous rappelle que la nature des êtres de l’au-delà ne nous met jamais à l’abri d’un dérapage qui pourrait s’achever par notre mort à tous. Je vous demanderai donc d’observer la plus grande prudence pendant l’exécution du rituel, même si j’apprécierais l’ironie qui consisterait à poursuivre cette séance d’invocation en nous retrouvant nous-mêmes de l’Autre-Côté. Ah, et je vous conseille évidemment de mettre vos familiers à l’abri. Vous savez que ce qui va surgir parmi nous n’en fera qu’une bouchée sinon… »

Chaque Mangemort exhiba l’objet qui servait de réceptacle à l’âme de son familier et les fantômes les réintègrent sans se faire prier. Lucius sentit le pommeau de sa canne-serpent, artefact hérité de son grand-père, vibrer dans sa main. Le métal de la tête du reptile se glaça sous ses doigts alors que Danaë regagnait l’objet avec autant d’empressement que ses pairs.

Les familiers connaissaient bien la créature qui allait surgir au milieu des Mangemorts et la craignaient pour une bonne raison : ils avaient tous déjà fait l’expérience d’être prisonniers de ses griffes lorsque c’était leur âme qu’elle avait capturée.

Par curiosité, Lucius avait questionné Danaë sur l’effet que ce face-à-face avec la créature avait produit sur elle. La fantôme avait frissonné et sa silhouette était passée du gris perle argenté au blanc, manière pour les êtres de son espèce de pâlir, et elle avait répondu, la voix étouffée par l’émotion d’un souvenir encore vif  :

« C’est horrible. C’est comme mourir deux fois. »

Lucius entrevit le rubis de l’œil du serpent-broche de Rabastan et la bague argentée de Bellatrix qui servaient de réceptacle à leurs familiers luire doucement dans l’obscurité alors que l’un et l’autre les retiraient de leur cape ou de leur doigt pour les glisser dans leur poche.

Il se tourna vers Rogue :

« Nous n’aurons qu’une seule chance. Il te faudra être vif et faire claquer tes coups avec la féroce détermination d’un dragon refermant les mâchoires à chaque fois que je te solliciterai. Si tu es prêt…

Rogue opina, tenant dans une main la fiole qu’il avait présentée au cercle des Mangemorts un peu plus tôt, et l’autre main serrée sur sa baguette qu’il brandissait devant lui. Contrairement à Lucius, toujours calme et maître de lui, le jeune Severus témoignait de sa nervosité par la tension qui raidissait l’expression de son visage et les tremblements qui agitaient ses mains.

– Très bien. Dobby, va chercher mon invitée. »

Chacun remarqua alors la présence de l’elfe de maison recroquevillé derrière la cape de son maître. Il leva vers Lucius ses grands yeux verts toujours implorants, comme s’il allait fondre en larmes à tout instant, puis disparut dans un bruit semblable au claquement d’un fouet.

« Quel invité ? lança Bellatrix de sa voix impérieuse d’aristocrate. Nous attendons quelqu’un d’autre ?

– Voyons, Bella, dit Lucius en lui adressant un sourire d’indulgent sarcasme. Tu sais bien que nous ne pouvons mener ce rituel sans un ingrédient essentiel… »

Une fulguration passa dans les yeux de Bellatrix dont les lèvres se tordirent concomitamment en un affreux sourire torve. Elle avait compris. Lorsque Dobby réapparut accompagné d’une jeune femme dont les pieds et les poings étaient entravés par des chaînes, elle posa sur elle le regard cruel et gourmand d’un sphinx qui voit arriver sa prochaine victime. Rabastan gloussa d’excitation.

L’elfe lâcha la malheureuse aux pieds de Lucius et s’empressa de retourner sous sa cape comme s’il souhaitait ne pas être témoin du sort que les Mangemorts lui réservaient ou qu’il craignait pour sa propre vie. Il fallait dire que les amis du maître avaient déjà tué plus d’un elfe de maison durant leurs petites sauteries. Cependant et pour une fois, Dobby s’estimait heureux de la place qu’il occupait. Lui avait encore une chance de réchapper de cette soirée maudite, alors que le sort de la fille était scellé.

Celle-ci, une anglaise à peine sortie de l’adolescence, reposait à genoux sur le sol de la clairière et posait sur les silhouettes sombres qui l’encerclaient des yeux écarquillés de terreur. Elle haletait dans ses vêtements si déchirés qu’ils laissaient entrevoir sa chair rose tendre et pleurait, mais aucun son ne sortait de ses lèvres. L’angoisse paralysait ses cordes vocales. Ses larmes traçaient des sillons humides sur son visage maculé de crasse noire, preuve d’un séjour prolongé dans la cave du manoir.

« Je dois dire que je suis déçu, Lucius, lança Macnair, ses yeux bruns vrillant les yeux gris de Malefoy juste avant qu’un sourire ne renseigne celui-ci sur la nature de boutade de la remarque qui allait suivre. Je pensais que tu faisais preuve d’un peu plus de sélectivité sur tes invités. Cette fille paraît devant nous en haillons… C’est la petite amie de ton elfe de maison ? Ils semblent partager quelques goûts en matière de look.

Sa remarque déclencha des rires.

– C’est lui qui s’est occupé d’elle, dit Lucius sans pouvoir réprimer un sourire.

– Ça se voit, conclut Macnair avec un sourire sardonique, occasionnant de nouveaux rires.

– C’est lui qui lui a coupé les cheveux aussi ? Lança Wilkes en ayant un regard critique amusé pour ses cheveux blonds à demi-rasés d’un côté et coupés dans un simulacre de carré de l’autre.

Lucius eut pour l’assemblée un sourire cynique.

– Non, ça, c’est mon père. Il s’agit d’une moldue du village voisin, expliqua-t-il en jetant un coup d’œil méprisant au corps tremblant recroquevillé à ses pieds. Elle lui a déplu, je ne sais plus pour quelles raisons exactement. Il l’a ramenée ici et puisque nous avions déjà prévu de t’accueillir ce soir, Severus, je me suis dit que nous allions faire d’une pierre deux coups en l’en débarrassant tout en te dotant d’un familier plutôt agréable. Qu’en penses-tu ?

L’adolescent posa sur la fille son regard sombre et indéchiffrable.

– C’est parfait. Merci, Lucius.

– Allons-y ! s’exclama Bella, au comble de l’excitation. Qu’est-ce qu’on attend ? »

Les iris gris de Lucius se posèrent à nouveau sur Rogue qui signifia d’un hochement de tête raide qu’il était prêt.

Autour d’eux, le parc ne bruissait plus de ses bruits ordinaires. L’atmosphère calme et silencieuse qui régnait semblait celle d’une autre planète, comme si la nature environnante retenait son souffle, consciente que quelque chose de monstrueux allait bientôt émerger des ténèbres. Seule une légère brise soufflait timidement dans les feuillages des hauts bouleaux et des chênes. Elle agitait doucement les capes des Mangemorts, tous tendus dans l’excitation ou l’appréhension de ce qui allait suivre. Lucius lui-même ne pouvait départager ces deux sentiments en lui à l’instant où il dégaina sa baguette du fourreau de la canne à pommeau, mais il savourait la stature que lui conférait l’instant. Pour une fois, il regrettait l’absence de Rodolphus qui se moquait toujours de lui qui représentait à ses yeux une aristocratie traditionnelle poussiéreuse quand Rabastan et lui incarnaient une autre version de cette noblesse. Une noblesse rebelle s’arrogeant une liberté insolente que Lucius leur enviait. Même s’il l’avait voulu, l’héritier Malefoy n’aurait jamais pu en faire autant, surveillé de près par l’acariâtre Abraxas. Mais ce soir, Lucius allait démontrer qu’il leur restait supérieur par la confiance que le Maître lui témoignait et se hisser au rang des meilleurs en réussissant le sortilège d’invocation.

Tous les regards étaient braqués sur lui, suspendus à ses gestes. Lucius attendit quelques instants pendant que la magie se concentrait dans sa main droite. Le pouvoir qui circulait dans son corps, convergeant vers ses doigts serrés autour de sa baguette, lui picotait la peau.

Enfin, il sentit qu’il avait rassemblé suffisamment de puissance. Il leva sa baguette et commença à dessiner un symbole complexe dans les airs en entonnant la formule rituelle :

Invoco tenebrae. Invoco excubitoris.

Les mouvements de son poignet s’enchaînaient avec fluidité, lenteur et précision dans une chorégraphie aérienne savamment exécutée.

Invoco vis factorem caeli et terrae, visibilium omnium et invisibilium…

Des volutes d’une fumée plus fine que celle provoquée par la combustion d’un bâton d’encens s’échappèrent de sa baguette. La moldue à ses pieds retrouva subitement sa voix. Elle poussa un cri si perçant que Rogue sursauta puis lui décocha un regard révulsé. Lucius, lui, demeurait imperturbable. Les Moldus qui avaient été agressés par des sorciers finissaient toujours par apprendre à avoir peur lorsqu’ils voyaient quelqu’un sortir une baguette magique, même si celle-ci n’était pas directement pointée sur eux. La dernière fois que la jeune femme attachée aux pieds de Lucius avait vu un sorcier utiliser sa baguette, il s’agissait de Malefoy père, et il lui avait infligé des sévices bien plus graves qu’une nouvelle coupe de cheveux. Lucius avait remarqué de longues et profondes entailles sur sa chair tandis que Dobby s’occupait d’elle. La fille en état de choc avait contraint l’elfe à la forcer à boire et à s’alimenter. Il l’avait aussi lavée sommairement par pure commisération, car personne ne le lui avait ordonné. Lucius l’avait laissé faire. Ce n’était certainement pas lui qui allait poser les mains sur une moldue, mais il ne voyait pas d’utilité à rendre cette chose encore plus répugnante qu’elle ne l’était déjà. Gêné par sa nudité, il avait détourné les yeux et était parti sans demander son reste, laissant l’elfe à sa besogne.

Lucius sentit que la baguette en orme commençait à vibrer de plus en plus fort entre ses doigts alors qu’il poursuivait l’incantation. Il s’agissait sans doute de la plus longue formule magique qu’il connaissait, et pour cause : l’enchantement requérait de créer une passerelle entre la Terre et l’Astral pour permettre aux deux plans de communiquer et aux entités de l’Autre-Monde de gagner celui des Hommes.

Avec ce calme hiératique qui le caractérisait, Lucius continua de dérouler la formule, serrant un peu plus ses doigts autour du bois de l’instrument magique pour l’empêcher de chuter et préserver l’enchantement complexe que sa magie tissait dans l’air.

Chaque personne présente dans la clairière, même le Lucius plus âgé, celui en passe d’être jugé pour ses actes criminels qui observait toute la scène en retrait, sentit la température de cette nuit de juillet accuser une chute brutale d’au moins dix degrés. Un vent fort se leva soudainement, jetant entre les arbres du domaine une brise glacée qui gela les Mangemorts jusqu’à l’os, mais personne n’osa esquisser le moindre mouvement par peur de passer pour une personnalité couarde auprès des autres.

Lucius aussi sentait la peur éclore en lui comme une fleur vénéneuse, pourtant, il poursuivit son œuvre. Il ne pouvait plus reculer maintenant qu’il avait entamé le rituel, il n’en avait pas envie non plus. La magie qu’il invoquait se concentrait à l’extrémité de sa baguette qui vibrait à présent avec une telle force entre ses doigts qu’il craignait de la voir se fendre en deux. L’énergie qui circulait dans le bois de l’instrument était si puissante qu’elle lui brûlait la main jusqu’à chauffer sa peau, créant un contraste saisissant avec le vent froid qui hurlait dans la clairière. Tout autour des Mangemorts, les ombres de la forêt semblaient remuer et prendre forme. Lucius les guettait du coin de l’œil en dissimulant l’anxiété qui commençait à poindre en lui. L’une des principales difficultés du sortilège résidait dans le contrôle de ce que le sorcier autorisait à sortir du Bas Astral, car les entités qui y vivaient avaient tendance à se précipiter dans la moindre brèche qu’elles détectaient. Lucius devait donc se tenir prêt à refermer le portail aussitôt que la créature que sa magie recherchait en sortirait pour éviter la fuite d’autres êtres plus destructeurs.

Il arrivait au bout de la formule. À peine eut-il prononcé le dernier mot que les bourrasques qui balayaient la clairière redoublèrent, ployant les arbres sous leurs sauvages assauts. Les hurlements de la moldue perçaient le vacarme de la tempête surnaturelle, mais aucun Mangemort ne s’en agaça, car leur attention était toute entière concentrée sur l’étrange matière compacte et visqueuse qui se déversait du néant au milieu du cercle qu’ils formaient, comme si la main d’un titan invisible répandait sur la clairière une crème pâtissière épaisse comme du goudron dont elle revêtait également la couleur.

Lucius se saisit de sa baguette à deux mains pour la stabiliser et empêcher son bois de céder pour de bon, car il menaçait d’exploser sous l’impulsion de l’énergie prodigieuse qu’elle canalisait, imprégnée par le pouvoir de son propriétaire autant que par celui des forces sombres qu’il appelait. La magie avait créé un chemin entre les plans et Lucius était capable de ressentir dans son corps l’agitation qui régnait dans le Bas Astral. Les entités qui y vivaient savaient déjà que quelqu’un essayait d’ouvrir une porte incorporelle entre leur monde et la Terre et convergeaient toutes vers le point de fissure.

Dans la clairière, l’apparition mi-liquide mi-gazeuse ondulait, gonflait et tournoyait sur elle-même au-dessus du sol. Sa masse sombre traversée d’éclairs violets roulait sur elle-même comme le faisaient parfois les gros nuages d’orage en des cieux particulièrement agités, mais ses mouvements étaient beaucoup plus rapides que tous ceux qui pouvaient s’observer dans la nature.

Soudain, Lucius perçut la présence de l’entité qu’il recherchait. La créature avait entendu son appel silencieux. Elle était là, impétueuse et féroce, juste derrière la porte immatérielle qu’il avait aménagée entre leurs mondes.

D’un ultime mot lancé dans la nuit, il déchira la frontière qui séparait le Bas Astral du plan terrestre. La masse sombre en lévitation dans la clairière implosa en se déployant brusquement entre les arbres dans une onde de choc qui fit perdre l’équilibre aux Mangemorts qui ne se rappelaient plus de ce moment du rituel.

Ce fut à cet instant que Severus Rogue comprit que cette chose dont l’apparence évoquait un trou noir supermassif constituait un portail magique.

« Severus, tue la fille ! », hurla Lucius pour couvrir les rugissements du vent déchaîné.

L’instant suivant, il disparaissait dans le typhon sirupeux du portail, mais Rogue se tenait prêt.

Un trait vert fendit la nuit et le brouillard noir qui rampait partout comme les tentacules d’une créature méphistophélique et percuta la moldue entravée sur le sol de la clairière. Stimulé par la frayeur de son lanceur, le sortilège de mort frappa avec une telle force qu’il projeta son corps sur plusieurs mètres. Le cadavre de la fille venait à peine de retomber qu’un pan entier du portail magique se détacha pour fondre dessus. Sous le regard sidéré de Rogue, une forme blanche translucide émergea de la chair morte. Ou plutôt, elle en fut arrachée. Le Mangemort reconnu le double spectral de la fille qu’il venait de tuer qui se tortillait en l’air, comme pris de convulsion, luttant visiblement contre une force qui l’empêchait de retourner dans la dépouille.

« Tends le flacon, Severus ! Le flacon ! »

La voix de Lucius perçait à nouveau la nuit, même s’il restait invisible dans le cœur du typhon. En l’entendant reprendre la récitation d’une formule magique, Rogue s’empressa d’obéir. Il tendit l’objet devant lui en tremblant tellement qu’il craignait de le laisser tomber, mais l’intensité de sa terreur ne laissait aucune place à la honte. Les visages de Rabastan et de Wilkes à ses côtés témoignaient de la même muette épouvante. De longs bras griffus surgissaient parfois de la masse obscure qui malmenait le fantôme de la fille. Celui-ci disparut bientôt à l’intérieur des ténèbres et les Mangemorts ne perçurent plus que ses hurlements de souffrance extrême – ce qui n’en rendait l’effet que plus impressionnant encore – et la voix de Lucius qui continuait à psalmodier une formule magique. Parfois, Rogue croyait également entendre d’horrifiques rugissements, mais il ne pouvait être certain de ce que ses sens percevaient dans le souffle de la tempête qui s’abattait dans ce périmètre du parc du domaine Malefoy.

Toujours mutique à cause de l’effroi, Rogue vit soudain la masse noire qui s’était détachée du portail fondre sur lui. Il faillit hurler à son tour en voyant le fantôme blanc de sa victime surgir des ténèbres tête la première comme si l’employé d’une morgue venait de le tirer d’un casier réfrigéré. Rogue resta paralysé devant la vision du spectre inerte allongé sur le dos, la bouche et les yeux grands ouverts dans une affreuse expression de tourment. Comme s’il était mort une deuxième fois.

Le jeune Mangemort se trouvait si captivé par le visage de la défunte qu’il ne remarqua pas immédiatement que son fantôme se décomposait en myriade de particules qui confluaient vers le flacon qu’il tendait toujours devant lui. Il s’en aperçut en sentant le verre devenir froid comme une plaque de glace dans sa main.

Les yeux, le nez et la bouche du fantôme furent les dernières parties à se désagréger, et le vent retomba aussi brutalement qu’il s’était levé, laissant chacun les joues rougies et échevelé.

Rogue, encore sous le choc de l’expérience qu’il venait de vivre, contempla incrédule l’élégante fiole de verre qu’il tenait serrée entre ses doigts. Était-ce un effet de son imagination ? Il lui semblait sentir l’âme de la moldue palpiter douloureusement dans sa main serrée comme un cœur englué de fatigue.

Après l’apposition de la Marque des Ténèbres dans sa chair, l’obtention d’un familier l’intégrait officiellement dans les rangs des Mangemorts. Mais rien n’était terminé. L’énergie visqueuse qui avait attaqué la femme se rétracta sur elle-même pour se rassembler plus loin et Lucius émergea de la marée obscure qui se retirait comme une Dame du lac surgissant des eaux sombres. Son visage ordinairement pâle affichait la même teinte rosie que les autres – il avait été au cœur de la tornade – et ses longs cheveux blonds étaient aussi ébouriffés que ceux de ses camarades, quoiqu’il ait pris soin de les nouer en catogan.

Il n’éprouvait plus aucune anxiété. Il avait cru perdre le contrôle lorsque la créature avait attaqué la fille avec une fureur qui lui avait donné l’impression de tenir une stryge en laisse, mais il avait aussitôt repris la litanie rituelle et les mots magiques avaient jugulé le danger. À présent son visage exhibait un large sourire triomphant alors que deux pieds dotés de trois épaisses griffes, semblables à ceux d’un oiseau gigantesque, naissaient de la masse noire mouvante derrière lui, comme cousus de ténèbres. Deux robustes mollets se matérialisèrent à leur suite, puis deux cuisses assez musclées et imposantes pour passer pour des troncs d’arbre noirs qu’un bassin aux larges hanches et un buste surmontèrent bientôt. Puis les Mangemorts virent apparaître, non sans anxiété, deux longs bras recourbés comme ceux des singes, à la différence que ceux-là faisaient plus de deux mètres, qu’ils paraissaient assez puissants pour qu’un seul d’entre eux suffise pour soulever un centaure, et que les trois griffes de 90 centimètres qui les terminaient semblaient suffisamment redoutables pour perforer la porte d’un coffre de Gringotts.

Les épaules auxquelles ces bras terrifiants étaient rattachés présentaient de larges insertions musculaires bien marquées qui faisaient paraître son cou ridiculement fin en comparaison. Quant à la minuscule tête qui apparut au sommet de cet édifice d’horreur et de muscles, certains l’auraient qualifiée de ridicule si la forme particulière de son crâne – arrondi et épais au sommet alors que l’os de son menton formait une pointe effilée – ne l’avait dotée d’un air particulièrement féroce.

La créature émit un râle d’outre tombe alors qu’elle ouvrait sur leur assemblée affectée deux petits yeux bleus glace comme deux fenêtres portant sur le vide de l’Au-Delà. Elle diffusait une aura violine qui ondulait autour d’elle en estompant les contours de son corps.

Lucius prit quelques instants pour savourer les regards de ses camarades dans lesquels se disputaient angoisse et émerveillement.

« Cette entité s’appelle un Veilleur. N’ayez pas peur, dit-il à l’adresse de Rosier et de Wilkes qui avaient esquissé un pas en arrière en voyant la créature regarder dans leur direction et ouvrir la gueule, leur laissant contempler les ténèbres qui remuaient au fond de son gosier. Je la tiens sous mon contrôle. Elle n’attaquera donc que sur mon ordre. Pas avant. »

Si la créature affichait une humeur calme, elle restait terriblement menaçante par son seul aspect et les deux minuscules yeux bleus qui flamboyaient dans son visage monstrueux trahissaient sa vigueur. Par ailleurs, accroupie derrière Lucius, elle le dépassait déjà de plus de deux mètres et devaient voisiner les cinq mètres une fois redressée sur ses longues jambes.

Bellatrix, Rabastan et Macnair semblaient fascinés. Mulciber, Avery et Rogue témoignaient de plus de réserve, mais de toute évidence, eux aussi éprouvaient une curiosité morbide pour la créature. Tous avaient déjà vécu le rituel de création d’un familier au moins une fois, mais jamais encore ils n’avaient pu voir un Veilleur d’aussi près.

« Est-ce ce que les Moldus appellent démons ? demanda Bellatrix avec un intérêt avide en amorçant un geste pour s’en approcher.

– Ne brise pas le cercle, dit Lucius sèchement. Cette entité correspond effectivement à ce que les Moldus appellent un « démon mineur », mais il ne s’agit pas d’un véritable démon au sens où nous l’entendons, nous les sorciers. Malgré tout, je préfère que nous demeurions prudents dans nos gestes tant qu’elle sera parmi nous.

– Mais… Lucius… souffla Bellatrix d’une voix excitée, saisis-tu ce que cela implique ? Si les démons existent, alors le premier d’entre eux, Satan…

– N’est pas celui que tu crois. Satan ne constitue jamais que le nom prêté à l’énergie négative en œuvre dans le monde. Les religions l’opposent traditionnellement aux dieux, quels qu’ils soient, mais le Seigneur des Ténèbres ne croit ni à l’un ni aux autres. Le Bien et le Mal n’existent pas, ne te l’a-t-il pas dit à toi aussi le jour où tu l’as rencontré, Bella ? Le Diable, c’est vous, c’est nous, c’est l’Humanité toute entière dans ce qu’elle concentre de pire en méchanceté, en lâcheté, en jalousie… C’est aussi la Chance qui vous abandonne ou le secret révélé par une série de circonstances improbables qui se sont pourtant bien produites. Ainsi, et puisque la Lumière et les Ténèbres ne s’opposent pas, mais se complètent et s’entretiennent dans le cycle invariable de l’ordre du monde comme en chacun de nous, chaque être humain est libre de choisir son destin. Mais ce choix ne saurait par nature définir si vous êtes quelqu’un de bon ou de mauvais. Il n’arrête rien d’autre que les moyens que vous vous donnez pour parvenir à vos objectifs. Si vous êtes devant moi aujourd’hui, c’est parce que vous ressentez plus d’affinités avec les Ténèbres et les êtres qui y rampent, mais cela ne signifie en aucun cas que vous êtes condamnés à endosser le rôle des méchants. Savez-vous pourquoi le Satan des vieilles légendes est devenu le Diable dans l’imaginaire populaire alors qu’il fût d’abord un ange ? Parce qu’il s’est rebellé contre Dieu qui l’a déchu pour avoir voulu apporter la lumière de la Connaissance à l’Homme. Satan est le serpent du jardin d’Éden qui incita Eve à goûter au fruit défendu, la pomme qui lui apporterait la connaissance du Bien et du Mal. Nous, Mangemorts, sommes les Satan de ce monde ci. Aujourd’hui, nos semblables conspuent nos idées, nos actions et nous diabolisent parce qu’ils n’ont pas conscience de la nocivité des Moldus. Nous devons les aider à ouvrir les yeux en dénonçant les méfaits de ces misérables qui ont plusieurs fois prouvé qu’ils haïssent et craignent autant qu’ils jalousent nos pouvoirs. Rappelez-vous de toutes ces femmes brûlées comme sorcières au Moyen Âge. Elles sont mortes parce qu’elles n’avaient pas une goutte de sang magique dans les veines, tandis que ceux des nôtres qui ont été accusés de sorcellerie à juste titre ont survécu, car ils pouvaient utiliser leurs pouvoirs pour échapper à leurs poursuivants ou s’amuser à voir l’expression épouvantée des Moldus lorsqu’ils gelaient les flammes de leur bûcher ou les retournaient contre les juges qui les avaient condamnés. Faisons de ce pays un enfer pour la vermine moldue, montrons-lui que nous sommes toujours là et que nous la surpassons largement par nos pouvoirs et notre qualité. Si elle grouille encore, c’est uniquement parce que nous avons des gouvernements trop mous pour oser la remettre à sa place alors que ce pays appartient aux sorciers. Parce que nous sommes la Magie et que la Magie est puissance. »

Lucius, pas le Lucius qui présidait la cérémonie, mais celui qui l’observait depuis sa position en retrait écoutait avec une mélancolie mêlée d’amertume son jeune double discourir. Il partageait encore chaque idée et approuvait toujours chaque mot de la harangue tenue aux Mangemorts cette nuit de juillet, qu’il avait eu maintes occasions de reproduire au cours de toutes ces longues années au service du Seigneur des Ténèbres. Comment accepter qu’un mauvais revers de fortune puisse l’obliger à abandonner son idéal d’un monde régi par les sorciers aux chimères du monde des grands desseins avortés ?

Le malaise qui pointait dans le cœur de Lucius grandit. Il ne pouvait sereinement concevoir de renier les aspirations ancestrales de sa Maison et achever ainsi de briser des siècles de gloire. Mais quelle autre alternative s’offrait à lui ? Même dans l’heureuse hypothèse où le Magenmagot l’acquittait et le laissait rentrer chez lui pour reprendre le cours d’une vie faussement normale, il serait surveillé comme du felix felicis sur le feu. Il ne jouirait plus jamais d’une liberté de mouvement aussi large que celle qui lui avait permis de mener ses discrètes actions pour les Mangemorts et leur cause. Si encore il pouvait caresser l’espoir de pouvoir reprendre son œuvre en souterrain après avoir clamé son désir de repentir, peut-être de dénicher un nouveau Lord Voldemort sous la bannière duquel rassembler de nouveaux adeptes, l’avenir lui aurait semblé moins noir…

Dans son humeur lugubre, Lucius eut soudain l’impression désagréable qu’on l’observait.

Il redressa la tête pour focaliser à nouveau son attention sur les Mangemorts réunis dans la clairière, et son cœur se figea. Le Veilleur le toisait.

Peut-être regardait-il seulement dans sa direction ?

Une horrible certitude lui sauta à l’esprit comme soufflée par l’instinct de survie : dans ce monde qu’il visitait par le biais des songes, il était une sorte de fantôme et la créature pouvait le voir. Pire, elle pouvait l’absorber.

Elle ouvrit sa bouche d’ombres, dévoilant un palais d’un noir profond hérissé d’un tapis de crocs coniques sur toute sa surface. Puis elle fondit sur lui dans un rugissement sépulcral. Immédiatement, la version de lui-même plus jeune et les Mangemorts tirèrent leurs baguettes sans comprendre ce qui se passait. Qui – ou quoi – la créature attaquait-elle ?

Le Lucius dont toute la scène était le souvenir détala aussi vite que ses jambes pouvaient le porter, terrifié par la tournure des événements. Il courut sans se retourner à travers la forêt, cavalant entre les arbres sans se soucier des ronces qui agrippaient ses vêtements comme des griffes végétales cherchant à le capturer pour l’offrir au monstre à ses trousses. Il perdait parfois l’équilibre en trébuchant contre des racines et se tordait les chevilles en tombant dans les trous creusés par les années et les intempéries, mais se relevait aussitôt pour repartir, le sang fouetté par l’adrénaline. La créature ne devait pas le rattraper ou elle lui ferait subir le sort qu’elle réservait aux fantômes qu’elle surprenait à errer encore sur Terre : elle le capturerait et l’expédierait dans l’Au-Delà. S’il atteignait le manoir et sa chambre avant qu’elle ne soit sur lui, peut-être qu’il se réveillerait dans le monde où il dormait aux côtés de Narcissa et que cela suffirait à le sauver. Mais la voix de sa personnalité pragmatique, celle qui connaissait bien les phénomènes de magie noire, hurlait en lui qu’il n’en aurait jamais le temps. Parce qu’on ne pouvait distancer une chose qui ne courait pas, mais se propulsait dans l’air avec l’aisance d’une sirène dans l’eau. Son piètre état physique risquait également de le livrer à la créature. Son souffle brûlait entre deux points lancinants entre ses côtes et ses poumons s’emplissaient de feu et de glace à chaque inspiration dans l’atmosphère glaciale qui accompagnait la présence du Veilleur. Ses jambes tremblaient sous l’effet combiné du violent effort physique qu’il fournissait et de l’épouvante.

S’il mourrait dans son rêve, que se passerait-il ? Mourrait-il réellement ? Le corps allongé à côté de Narcissa se raidirait-il ? Se réveillerait-elle à côté d’un cadavre froid ? Et si le démon à ses trousses dévorait son âme, le Lucius présent dans la forêt derrière lui s’effondrerait-il devant tous ses camarades ? Ou sa mort ici et maintenant n’impacterait-elle que le futur dont il venait ?

Le froid autour de Lucius se faisait de plus en plus oppressant et il lui semblait à présent nager dans une mer polaire. Il sentait la présence du Veilleur juste derrière lui et ne comprenait pas pourquoi il ne l’attaquait pas.

Il eut la surprise de l’entendre parler.

« Tu étais si fier de me dominer hier, et aujourd’hui tu cours devant moi comme un veaudelune nouveau né, impuissant… impuissant… comme ces moldus que tu détestes. Mais sans baguette… sans baguette… tu n’es rien… rien… Tu ne vaux pas mieux qu’un moldu… pas mieux qu’un moldu… »

Sa voix portait un double écho, comme provenant de très loin, et Lucius savait que c’était réellement le cas. L’entité s’exprimait à la fois dans son propre monde, le Bas Astral, et dans celui dans lequel ils se trouvaient réunis.

« Tu as si longtemps trouvé amusant de jouer avec les forces des Ténèbres… Maintenant, ce sont les Ténèbres qui vont jouer avec toi… jouer avec toi… »

La marée noire qui formait le corps de la créature le dépassa et s’arrêta au pied du manoir. Lucius la vit pencher son horrible tête en arrière pour contempler la façade de l’orgueilleuse demeure.

Il hurla en la voyant bondir au premier étage, dans la chambre de Drago.

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Les Mangemorts. Crédit : Screenrant.

Salut, les Potterheads ⚡ Je suis sincèrement désolé pour le délai entre ce chapitre et le précédent, qui ne devait initialement pas être si long, mais ma vie professionnelle a été extrêmement chargée et ne m’a laissé que peu d’énergie pour l’écriture. Notez toutefois que je tiens bon, puisque vous pouvez toujours lire la suite du Procès Malefoy et que je compte bien publier un chapitre supplémentaire à la fin du mois d’août ! (Je vous tiendrai régulièrement informé•e•s de l’avancée du chapitre 12 via mes comptes Facebook ou Twitter).

J’espère que votre lecture vous a plu et que vous passez toujours un bon moment en compagnie de Lucius. Je foisonne d’idées pour cette histoire, au grand dam des personnages de mon roman qui me houspillent pour que je reprenne leurs propres aventures.

Merci pour votre fidélité à cette fanfiction !

@ bientôt quelque part,

Chris

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8 commentaires sur “Le Procès Malefoy, chapitre 11 : Le Veilleur [fanfiction Harry Potter]

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  1. Mais quel chapitre!! Peut-être bien mon préféré depuis le début (et pourtant la barre est haute!). Que d’inventivité: le Bas Astral, les familiers, le Veilleur. C’est riche et tout se tient parfaitement, sans compter les considérations philosophiques sur le Bien et le Mal. On a un peu trop tendance à oublier que malgré le côté sadique de certains Mangemorts, la plupart pensent agir pour la bonne cause. On en revient d’ailleurs au parallèle avec le mouvement nazi, la propagande qui finit par faire qu’une bonne tranche de la population se persuade qu’une autre tranche ne mérite pas les mêmes droits. C’est fou, mais tu as parfaitement rendu ce mécanisme de pensée, biaisé mais bien réel. Good job!

    Aimé par 1 personne

    1. Merci beaucoup (encore une fois) pour ta lecture et ton retour qui me touchent ♥ j’avais effectivement beaucoup de choses à exposer dans ce chapitre ^^ (le dosage des informations est toujours difficile, mais c’est un art de gourmet !).

      C’est sans doute ça le pire, toutes ces personnes qui sont sincèrement persuadées d’agir pour une « noble cause » mais qui en fait répandent la souffrance et le malheur autour d’elles… Souvent en faisant fi des émotions et des vies de leurs victimes dont elles restent cruellement conscientes. Le parallèle avec les nazis paraît évident, et le creuser m’intéresse vivement. Les Mangemorts sont beaucoup trop sous-côtés dans les livres ! Leur dangerosité est largement sous-estimée. J’espère relever un peu le niveau 😀

      Aimé par 1 personne

  2. L’attente valait le coup, comme à chaque fois !
    J’ai particulièrement aimé ce chapitre. Certainement parce que la fameuse -et pourtant terrifiante- question qui nous taraude tous, un jour ou l’autre, -à savoir ; mais, que diable, que devient-on après la mort ?- y a été abordée.
    Mention honorable pour « le Bas-Astral », que tu as particulièrement bien développé et exploité ici. Je ne sais pas, mais ce plan-ci m’a toujours fait penser, par réflexions hallucinées, à une allégorie de l’inconscient humain… ou du monde que notre conscience refuse de voir/de concevoir -au choix- et duquel, pourtant, découlent nos peurs les plus ancestrales -comme celle du noir, par exemple-*. Bref ! Je diverge, et ce n’est pas le but de mon commentaire !
    Comme toujours, les personnages sont remarquablement palpables. Nous avons l’impression de vivre la scène auprès d’eux, tant le récit est finement mené. Nous sommes devenus les Mangemorts inconnus présents au moment de ce rituel de pure magie noire ; c’en est tout à fait grisant. Nous ressentons la moindre de leurs émotions et c’est ce qui rend le récit particulièrement plaisant à lire !
    Bref ! Je suis heureux d’avoir pu vibrer auprès de Lucius, une fois de plus !

    Aimé par 1 personne

    1. Merci beaucoup pour ta lecture et ton retour chaleureux, Ashes ^^ Ta remarque sur le Bas Astral est très intéressante. Je sens que nos correspondances s’enrichiront bientôt d’un nouveau sujet philosophique – on ne nous arrête jamais 😀

      Il me tient à cœur de développer cet aspect dans la fanfiction, car l’œuvre de Rowling nous laisse avec beaucoup d’interrogations sur « l’Après » (ce qui est bien je trouve, puisque cela laisse la place à l’imagination) comme sur l’univers des Mangemorts que finalement, nous n’observons toujours que de loin à travers les yeux de leur ennemi : Harry.

      J’aime

      1. Ne me remercie pas, c’est normal !
        Ah ! Mais maintenant que nous sommes lancés ; rien ne nous arrêtera jamais, crois-moi ! Je compte bien continuer sur cette lancée 😀
        Ça se sent que cela te tient à cœur ; c’est palpable dans l’âme de ta fanfiction et c’est d’ailleurs cette passion ardente qui rend, je pense, ton récit si prenant.

        Aimé par 1 personne

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